Publié le 27 novembre 2017
ÉNERGIE
Travail des enfants : la plus grande bourse des métaux au monde s’inquiète de l’origine du cobalt échangé à Londres
Après la mise sur le marché de cobalt en dessous des cours, le London Metal Exchange (LME), première place mondiale pour l’échange des métaux non-ferreux, lance une enquête sur les sources d’approvisionnement des fournisseurs. Sans le citer, l’institution vise en particulier un acteur chinois très présent en République démocratique du Congo, d’où provient la moitié du cobalt de la planète.

AFP
La plus grande place boursière pour les échanges de métaux non ferreux, le London Metal Exhange (LME), qui regroupe 80 % des contrats mondiaux, s’inquiète de la provenance du cobalt négocié sur sa place. L'alerte de la vénérable institution de 140 ans est un véritable signal d’alarme qui est tiré sur la transparence des chaînes d’approvisionnement.
"Nous nous attendons à ce que ces problèmes spécifiques soient traités dans le cadre de nos efforts actuels et nous sommes impatients de collaborer davantage avec le marché sur ce sujet important", peut-on lire dans un courrier du LME. L’institution financière y invite les fournisseurs à détailler, d’ici le 1er décembre, la manière dont ils garantissent l’approvisionnement responsable des ressources qu’ils échangent.
La RDC au cœur de l’approvisionnement
C’est la question du travail des enfants qui inquiètent particulièrement la place londonienne. Afin de supporter l’essor de la voiture électrique dans le monde, la demande de cobalt pour les batteries a cru de 80 % en un an. Or la moitié du cobalt mondial vient de République démocratique du Congo, où un cinquième des mines emploient des enfants.
Officiellement, aucun fournisseur n’est visé. Mais selon le Financial Times, les inquiétudes du LME portent en particulier sur les pratiques du chinois Yantai Cash Industrial qui aurait mis sur le marché du cobalt à des prix bas. Interrogé par le journal britannique, l’industriel chinois répond : "Certains de nos consommateurs nous ont demandé de mener des investigations sur notre chaîne d’approvisionnement pour vérifier si elle pose des problèmes en matière de droits humains et de travail des enfants (…) Nous avons entamé cette démarche".
Si des malversations étaient découvertes, difficile cependant de savoir qu’elles seront les conséquences. Le LME assure que des actions seront prises en cas de "pratiques inférieures aux standards". Mais le Financial Times rappelle cependant que la place financière n’a pas - encore - de règles spécifiques concernant l’approvisionnement.
Des besoins en hausse de 1000 %
Mi-novembre, une étude d’Amnesty International dénonçait déjà les filières de cobalt issues de République démocratique du Congo. "Les géants industriels ne font pas le nécessaire face aux allégations de travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement en cobalt pour les batteries", assure l'ONG. "Renault et Daimler présentent des résultats particulièrement mauvais", précise-t-elle.
Avec la transition énergétique, la question de l’approvisionnement en métaux va être de plus en plus aiguë. Selon la Banque Mondiale, la demande d’acier, l’aluminium, d’argent, de cuivre, de plomb, de lithium et d'autres matières va exploser pour aligner l’économie sur un réchauffement à 2°C. Certains besoins pourraient croître de 1000 % dans les années à venir afin de servir les secteurs du stockage de l’électricité et des énergies renouvelables.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin