Publié le 19 mai 2022
ÉNERGIE
Pour se passer du gaz russe, la Commission européenne relève ses objectifs en matière de renouvelables et d'efficacité énergétique
La Commission européenne a présenté mercredi 18 mai son plan Repower EU pour se passer à terme des hydrocarbures russes et réduire notre dépendance et notre vulnérabilité. Alors que plusieurs directives sont en cours de révision dans le cadre du Green Deal, Bruxelles propose de relever les objectifs de l'Union en matière de baisse d'économies d'énergies et de croissance des renouvelables.

CE
La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine a agi comme un véritable détonateur. En quelques mois, l’Union européenne s’est mise en ordre de marche pour réduire sa dépendance énergétique à Moscou. Après un embargo sur le charbon, et un autre en préparation sur le pétrole russe, ce que vise Bruxelles est bien de mettre un terme à toutes les importations d’hydrocarbures russes le plus vite possible. C’est ce qu’a rappelé Ursula von der Leyen dans le discours qu’elle a prononcé mercredi 18 mai pour présenter son plan Repower EU.
"La guerre de Poutine perturbe considérablement le marché énergétique mondial et montre à quel point nous sommes dépendants et vulnérables. (...) Alors que le gaz russe représentait 40 % des importations européennes l’an passé, nous avons réussi à réduire ce taux à 26 % en avril. Nous allons relever notre ambition dans le paquet ‘Fit for 55’ et mettre le turbo sur le Green Deal" a déclaré la présidente de la Commission européenne aux journalistes.
Des objectifs relevés pour 2030
Le plan Repower EU, qui doit encore être approuvé par les chefs d’État, réunis en sommet informel les 30 et 31 mai prochain, repose sur trois axes. Le premier, "le plus simple, le plus rapide, le plus efficace et le plus abordable" résume Ursula von der Leyen, concerne les économies d’énergie. La Commission propose ainsi de modifier l’objectif d'efficacité énergétique en le faisant passer de 9% à 13% en 2030. De même, sur les énergies renouvelables, elle propose qu'elles passent de 40 à 45% du mix énergétique en 2030, soit à terme l’équivalent en puissance de 100 EPR. Deux changements qui devront intervenir dans les directives actuellement en cours de révision dans le cadre du Green Deal.
Pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables, le deuxième axe du plan, la Commission européenne entend aussi rendre obligatoire la pose de panneaux photovoltaïques sur les toits pour les nouveaux bâtiments commerciaux et publics à partir de 2025, et pour les nouveaux bâtiments résidentiels à partir de 2029. Les procédures d'autorisation devront aussi être simplifiés en particulier pour l’éolien. Alors que les dossiers peuvent prendre 6 et 9 ans avant d'aboutir, Ursula von der Leyen souhaite qu’un délai d’un an ne soit pas dépassé. La nouvelle directive devrait aussi introduire le principe que les énergies renouvelables sont d’intérêt public supérieur.
La Commission européenne souhaite aussi accélérer sur les pompes à chaleur, l'hydrogène renouvelable et le biométhane. Enfin, le troisième axe porte sur la diversification des sources d’approvisionnement en gaz (Qatar, Egypte, Algérie, l’Afrique de l’Ouest, Azerbaïdjan, Norvège...). Fin mars, la Commission européenne et les États-Unis avaient déjà signé un accord pour livrer 15 milliards de mètres cube de gaz naturel liquéfié (GNL) supplémentaires dès cette année, soit une hausse de 70 % par rapport à l’approvisionnement actuel, et jusqu’à 50 milliards ensuite chaque année d’ici 2030.
200 milliards d'euros d'investissements
Ce nouveau plan va nécessiter des investissements supplémentaires de 210 milliards d'euros d'ici à 2027. "Cela comprendra un financement de 10 milliards d'euros dans les chaînons manquants pour le gaz et le GNL afin qu'aucun État membre ne soit laissé pour compte. Et jusqu'à 2 milliards d'euros pour les infrastructures pétrolières en vue d'arrêter l’importation de pétrole russe. Tout le reste du financement, soit 95 % du financement global, servira à accélérer et intensifier la transition énergétique propre" a précisé l’exécutif européen.
"La nouvelle stratégie énergétique de l'UE est totalement inadéquate et bloquerait des décennies d'extraction supplémentaire de gaz et de pétrole mortels. Stimuler le développement de nouvelles infrastructures gazières aux États-Unis et dans le monde tout en renforçant sa propre dépendance aux combustibles fossiles volatils est la dernière chose que l'Europe devrait faire. Ce nouveau plan rate gravement la cible" regrette Collin Rees de Oil Change International.
Concepcion Alvarez @conce1