Publié le 05 juin 2019
ÉNERGIE
La plus grande entreprise minière au monde BHP va tourner le dos au charbon
Le charbon est loin d’être mort mais il perd de plus en plus d’alliés. Après les investisseurs qui s’éloignent de ce secteur, ce sont désormais les entreprises minières qui montrent leur désamour. À la suite de Rio Tinto et Glencore, c’est au tour de BHP d’annoncer une stratégie de retrait du charbon thermique. L’exploitation des métaux nécessaires à la transition énergétique offrirait de meilleures opportunités.

@BHP
Si le monde de l’énergie peine à tourner le dos au charbon, celui de la mine commence à faire figure de modèle en la matière. Le plus grand mineur du monde, l’Australien BHP, a l’intention de se retirer de l’exploitation de cette énergie fossile à des fins de production d’électricité. En revanche, l’entreprise continuera à produire du charbon à coke utilisé dans la fabrication de l’acier.
Dans une présentation devant des investisseurs, le directeur financier Peter Beaven a expliqué que le groupe ne veut plus croître dans ce secteur et est de plus en plus défié sur ce type d’actifs miniers. Aussi, le charbon thermique va être "éliminé progressivement, potentiellement plus tôt que prévu". Une bombe venant du géant des matières premières, issu d’Australie, l’un des plus grands pays producteurs.
Le dirigeant prédit que "le charbon thermique devrait rester un marché important - mais avec le temps, nous nous attendons à ce qu'il se stabilise, puis diminue, à mesure que les vents contraires se renforcent". Une prédiction qui n’a rien d’évident par exemple pour l’agence internationale de l’énergie (AIE). Elle confirme la montée en puissance des renouvelables et du gaz mais assure que le charbon conservera un niveau de demande soutenu pour encore au moins deux décennies.
Alerte sur les métaux de la transition
La multinationale estime, de son côté, qu’il y a un meilleur potentiel de croissance dans les énergies renouvelables et la mobilité électrique, des secteurs très gourmands en nickel, cuivre ou cobalt. Des matières pour lesquelles, le premier constructeur d’automobiles électriques Tesla a alerté son gouvernement sur un risque de pénuries. Le secteur minier a globalement sous-investi dans ces matières ces dernières années.
BHP suit la voie engagée par deux autres mastodontes du secteur. En 2018, Rio Tinto a vendu sa dernière mine de charbon et est devenu le premier grand mineur mondial à sortir de l’extraction de cette énergie fossile. "Rio deviendra la seule grande entreprise minière sans actifs de charbon, ce qui est certainement utile pour les investisseurs soucieux des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)", jugeait alors Tyler Broda, analyste chez RBC Capital Markets, interrogé par le Financial Times.
En février 2019, le directeur général de Glencore, Ivan Glasenberg, annonçait que la production de charbon serait maintenue "globalement aux niveaux actuels". Sa décision s’inscrit dans le cadre de pressions exercées par de grands investisseurs qui poussent les entreprises extractrices de matières premières à prendre des actions rapides pour lutter contre le réchauffement. Il ajoute que l’entreprise donnera "la priorité aux investissements dans des actifs résilients aux risques réglementaires, physiques et opérationnels liés au changement climatique".
Ludovic Dupin @LudovicDupin