Publié le 08 avril 2019
ÉNERGIE
Grand débat national : les Français sont conscients de l’urgence climatique mais rejettent la taxe sur les carburants
La transition écologique était l’un des quatre grands thèmes abordés depuis le début de l’année dans le cadre du Grand débat national. Ce lundi 8 avril, le Premier ministre a réuni 500 personnes au Grand Palais à Paris pour en faire une première restitution. La taxe carbone, à l’origine de la mobilisation des Gilets jaunes, continue d’être largement rejetée même si la prise de conscience climatique est là.

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C’est elle qui avait été le détonateur du mouvement des milliers de Gilets jaunes. La taxe carbone sur les carburants continue d’être rejetée. 55 % des Français qui se sont exprimés dans le cadre du Grand débat national ne pensent pas que ce soit la bonne façon de changer les comportements. À la place, ils proposent une fiscalité plus incitative, en appliquant une taxation réduite ou nulle sur les produits bios, locaux et sains et à l'inverse une taxation plus forte des produits importés qui dégradent l’environnement. Mais ils demandent aussi que tous les secteurs soient taxés, et notamment l'aérien et le maritime.
Lancé en début d’année pour répondre à la crise, le Grand débat national a mobilisé 1,5 million de Français qui ont pu s’exprimer à travers divers outils. On recense ainsi 1 932 881 de contributions versées sur la plateforme dédiée, 10 134 réunions d’initiative locale avec une moyenne de 45 participants, des cahiers citoyens ouverts dans 16 337 communes, 27 374 courriers et e-mails reçus directement à la mission du grand débat, et 1 404 participants aux 21 conférences citoyennes organisées dans les régions métropolitaines et les outre-mer.
Prise de conscience
Sur l’une des quatre grandes thématiques que constitue la transition écologique, ce grand débat aura permis de faire ressortir la prise de conscience généralisée de l’urgence de la lutte contre le changement climatique. 62 % des Français estiment d’ailleurs être touchés dans leur vie quotidienne par le changement climatique (sécheresse, inondations, pollution...). Et un consensus clair émerge : il faut aller plus vite et plus fort, et il faut plus de cohérence dans les mesures. Reste à trouver le moyen d’y arriver et c’est là que le bât blesse.
Car si les solutions proposées convergent – mutation du modèle agricole, développement des transports en commun et des alternatives à la voiture individuelle, sortie des énergies fossiles, traitement des déchets – les méthodes divergent. Il y a globalement deux groupes qui se distinguent. D'un côté, il y a ceux qui sont favorables à une écologie offensive et qui défendent des mécanismes de taxation plus contraignants (augmentation de la taxe carbone, taxation des plus gros pollueurs, interdiction des pesticides et de l'obsolescence programmée...).
De l’autre côté, il y a ceux qui préfèrent des solutions axées sur la limitation de l'empreinte environnementale de l'homme, comme la promotion des modes de déplacement doux (pistes cyclables, covoiturage), le tri sélectif, le reboisement, et une taxation réduite pour les produits éco-responsables. 58 % des répondants disent qu’ils ne sont pas prêts à payer un impôt destiné à encourager des comportements bénéfiques à la collectivité comme la fiscalité écologique. Ils sont ainsi nombreux à penser que la transition se fera davantage par un changement individuel des comportements que par de nouvelles mesures réglementaires.
On a reçu le message cinq sur cinq
"La bonne nouvelle c'est que les Français ne sont pas climato-sceptiques, ils savent que ce qui se joue en ce moment est essentiel, nous pouvons être fiers de cette exigence et cette lucidité, conclut le Premier ministre dans son discours. Ils sont prêts à changer de comportements dans un certain nombre de domaines mais ils ne veulent pas que des taxes leur dictent ce qu'ils doivent faire. On a reçu le message cinq sur cinq. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme ou toute frilosité serait à mes yeux impardonnable."
Les garants du Grand débat national rendront leur rapport mardi 9 avril, avant une séance publique sur la synthèse l'après-midi à l'Assemblée nationale puis le lendemain au Sénat. Emmanuel Macron devrait annoncer les premières mesures à la mi-avril et en égrainer jusqu’à l’été.
Concepcion Alvarez, @conce1