Publié le 03 juin 2019
ÉNERGIE
GE met les suppressions d’emplois annoncées en France sur le dos d’une transition énergétique mal anticipée
Les difficultés globales rencontrées par GE pèsent lourdement sur la France. Confronté à un marché énergétique qui s’est montré peu favorable au gaz, le groupe continue de couper dans ses capacités de production, en particulier à Belfort. Pour le PDG, il s’agit de s’adapter sa production à la nouvelle demande énergétique qui fait la part belle au charbon et aux renouvelables.

SebastienBozon/AFP
Décidément, les 1 000 emplois créés promis par l’Américain GE lors du rachat de la branche énergie du Français Alstom ne sont plus qu’un très lointain souvenir. Fin mai, l’entreprise fondée par Thomas Edison a annoncé jusqu’à 1 044 emplois principalement dans l’activité de fabrication de turbines à gaz sur le site de Belfort. Une annonce, qui au lendemain des élections européennes, a soulevé l’ire du gouvernement qui a assuré ne pas être au courant de cette annonce. De leur côté, les salariés prédisent la mort du site industriel historique.
Le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire se rend lundi 3 juin à Belfort "pour échanger avec les représentants des salariés de General Electric ainsi que les élus locaux au sujet de la situation actuelle de l'entreprise et de l'avenir industriel du site". Dimanche 2 juin, dans un entretien au Journal du Dimanche, le patron de General Electric France Hugh Bailey a affirmé que le site de Belfort ne fermerait pas.
Surcapacités dans le gaz
Pour Larry Culp, le PDG de General Electric (GE), la suppression prochaine de plus d'un millier d'emplois en France faisait partie de la volonté du groupe de réduire ses coûts pour s'aligner sur la demande dans l'énergie (turbines à gaz)."Quand vous regardez le marché, vous voyez qu'il y a des surcapacités (...) c'est pourquoi ajuster notre structure de coûts en ligne avec la demande est primordial", a déclaré le patron, en poste depuis le 1er octobre, lors d'une conférence à New York.
"Nous avons donc fait un premier pas dans la bonne direction en réduisant (les coûts) de 800 millions de dollars dans l'énergie l'an dernier. Les effectifs ont été réduits de 1 000 personnes depuis le début de l'année", a poursuivi le dirigeant. Et d'ajouter : "vous avez dû lire cette semaine dans la presse ce que nous sommes en train de faire en France, où des consultations sont en cours, avec en tête des réductions d'effectifs supplémentaires".
Selon lui, ces coupes visent "à aligner la structure de coûts à la demande dans l'énergie". Il a cependant fait l’impasse sur les protestations des syndicats et des partis politiques français. Il a une nouvelle fois critiqué la décision d'un de ses prédécesseurs de racheter le pôle Énergie du fleuron français, une acquisition dont le calendrier tombait mal, selon lui, et qui a grossi les capacités de GE au mauvais moment.
Entre charbon et renouvelables
En mettant la main sur Alstom, GE misait sur les énergies fossiles, et en particulier le gaz comme énergie de transition. Mais ce pari a priori peu risqué s'est transformé en cauchemar car l'opération est intervenue en pleine chute des prix de l'électricité de gros et de l'effondrement des commandes des turbines. D’un côté, le recours au charbon n’a pas reculé, tandis que nombre de centrales à gaz ont fermé en raison du développement du solaire et de l'éolien de plus en plus compétitif.
Depuis la finalisation du rachat d'Alstom pour 15 milliards de dollars, l'ancien conglomérat industriel américain a enchaîné les déconvenues. Il a aligné deux années consécutives de pertes et l'augmentation de sa dette a poussé les agences de notation à dégrader sa note de solidité financière. La capitalisation boursière a chuté de plus de 160 milliards de dollars en deux ans, soit les deux tiers, et le groupe a connu trois PDG depuis.
Ludovic Dupin avec AFP