Publié le 26 novembre 2018
ÉNERGIE
Face aux gilets jaunes, Emmanuel Macron commence à lâcher du lest sur la politique environnementale
Si l’exécutif refuse de revenir en arrière sur la taxe carbone malgré la pression des gilets jaunes, l’Élysée renonce aux péages urbains et repousse la vignette poids lourds. Il veut aussi prendre le temps d’expliquer sa stratégie à travers un Haut Conseil pour le climat. Reste à savoir s’il n’est pas trop tard après les violences qui ont émaillé la capitale le 24 novembre et qui pourraient se reproduire le 1er décembre prochain.

@EmericFohlen/NurPhoto/AFP
Face à la fronde des "gilets jaunes", l'exécutif assure vouloir garder le cap de la transition écologique. Mais avec un "pacte social" d'accompagnement dont certaines mesures seront détaillées ce lundi en Conseil des ministres, et qu'Emmanuel Macron doit expliquer mardi 27 novembre, à l’occasion de sa présentation de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE).
Déjà dimanche à Bruxelles, il assurait : "Il n'y a pas de projet de société et il n'y a pas de projet politique - au niveau national et européen - si nous n'apportons pas une réponse claire à nos classes moyennes et à nos classes laborieuses". Le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, ajoute : "manifestement, on a loupé quelque chose dans l'explication de la taxe carbone".
L’Élysée et Matignon ont pour projet de "construire un pacte social de la transition écologique" qui repose sur deux éléments : mobiliser les corps intermédiaires (associations, syndicats, etc) et mobiliser directement les Français par le biais d'un "tour de France" pour associer les acteurs locaux, selon cette source.
Tenir le cap
Mais surtout, cela commence par lâcher du lest. Pas question de toucher à la taxe carbone. "Il y a un cap qui a été fixé par le président de la République, c'est celui de la transition énergétique (...) Ce cap doit être tenu", a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. En revanche, l’exécutif a déjà annoncé des mesures d'accompagnement comme l'élargissement du chèque énergie pour aider les ménages modestes ou encore la super prime à la conversion pour des véhicules moins polluants.
Surtout, il renonce à deux projets. D’une part, c’en est fini des péages urbains. Pour le gouvernement, cette décision a été prise faute de villes candidates et pour ne pas "accentuer les fractures entre territoires". D’autre part, la loi mobilité ne fera pas mention non plus de la vignette poids lourds, sans doute par crainte que les transporteurs ne rejoignent les gilets jaunes.
En parallèle, Emmanuel Macron mise sur la création d'un "Haut Conseil pour le climat". Composés de 13 experts et scientifiques, dont Laurence Tubiana et Pascal Canfin, il doit s'assurer que le cap de la dette carbone est bien tenu. Mais plusieurs porte-paroles des gilets jaunes ne sont pas convaincus. Les élites parisiennes "parlent de fin du monde quand nous, on parle de fin du mois", résume l’un d’eux, détournant l’expression de Nicolas Hulot lors de l’Émission Politique sur France 2.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin