Publié le 16 juillet 2019
ÉNERGIE
[Le monde en 2050] Le jour où la fusion nucléaire a terrassé le charbon
En 2050, la course à l'hélium atteint son paroxysme. La lune qui abrite cette ressource énergétique permettrait d’alimenter sur Terre des centrales à fusion sans déchets, ni gaz à effet de serre. La Chine se met déjà en ordre de marche pour exploiter ce trésor, suivi de près par les États-Unis. Mais les obstacles sont nombreux. Novethic vous transporte en 2050 pour découvrir le monde secteur par secteur selon les grandes tendances identifiées aujourd’hui par nos journalistes.

@Nasa
21 mars 2050, le jour est historique, le cargo Yuelang 3 se pose délicatement sur la base de lancement chinoise Juiquan dans le nord du pays. À son bord, une cargaison précieuse, tout juste minée sur la station lunaire Chángzhēng. Depuis 2019 et la mission Chang'e-4 sur la face cachée de la Lune, Pékin n’avait qu’un objectif : exploiter l’hélium 3.
Cette matière rarissime sur la Terre abonde sur notre satellite. Et les cinq tonnes d’hélium contenues dans la capsule ont une valeur à peine estimable. En effet, quelques dizaines de grammes d’hélium 3 représentent autant d’énergie que 5 000 tonnes de charbon. C’est au cœur d’une flotte flambant neuve de 13 réacteurs à fusion nucléaire, que cette énergie va être libérée.
La fusion nucléaire reproduit la réaction qui se déroule au cœur de notre soleil. Elle ne dégage aucun gaz à effet de serre et ne produit aucun déchet, mais produit une quantité d’énergie considérable. C’est pourquoi, ce 21 mars, le gouvernement organise, en parallèle de l’atterrissage de Yuelang 3, une cérémonie symbolique de fermeture de la dernière centrale à charbon du pays. La Chine devient "le pays le plus propre au monde", selon la communication officielle. Encore faudra-t-il assurer une à deux missions par an entre la Terre et son satellite pour alimenter ses besoins et alimenter ce marché sur lequel la Chine est en monopole.
Une Europe renouvelable
La maîtrise de la fusion par la Chine est l’aboutissement d’une recherche technologique de plus d’un siècle puisque le premier brevet date de 1946 en Grande-Bretagne. La course à la fusion a longtemps été menée par les Européens, en particulier la France qui a accueilli le projet Iter. Ce réacteur expérimental à fusion de dimension industrielle a démarré en 2027 et a fonctionné jusqu’en 2037.
Mais le gouvernement français en 2032, sous pression de l’opinion publique, mit fin à tout développement ultérieur de la fusion. Elle fut apparentée à tort au programme nucléaire français dont les réacteurs ont tous fermé en 2050, à l’exception de l’EPR. De son côté, l’Europe a réussi globalement une conversion massive aux renouvelables. Elle a été rendue possible par l’essor des batteries et la relance de l’industrie minière. Elle fut massivement poussée par la Commission européenne, suite à la crise des matières premières de 2026 qui avait presque provoqué une guerre en RDC pour l’accès au cobalt.
Une Chine décarbonée, une Europe globalement renouvelable, une Amérique du sud neutre en carbone. Restent deux obstacles. D’abord, les États-Unis dont les richesses colossales en gaz, sans cesse réestimées à la hausse depuis 2010, irriguent toute la chimie mondiale. Ensuite, les pays à forte pression démographique. Alors que la planète vient de passer les 10 milliards d’individus, la demande d’énergie en Indonésie, Inde, Pakistan, Égypte ou Nigéria semble intenable sans exploiter leurs ressources domestiques de charbon. Ce qui fait que le monde parvient à peine à maintenir ses émissions de gaz à effet de serre au niveau de 2030.
Ludovic Dupin @LudovicDupin