Publié le 03 novembre 2016
ÉNERGIE
Charbon : Engie ferme Hazelwood, la centrale la plus polluante d’Australie
Engie va définitivement fermer la centrale d’Hazelwood, l’une des centrales charbon les plus polluantes du monde. Une décision attendue depuis des années par les ONG environnementales, qui en avaient fait l’un de leurs chevaux de bataille. Pour Engie, cette décision s’inscrit dans le cadre de sa stratégie de sortie progressive du charbon.

Paul Crock / AFP
C’est décidé : la centrale à charbon australienne d’Hazelwood et la mine attenante qui la fournissait fermeront fin mars 2017. C’est ce qu’a annoncé Engie ce matin dans un communiqué. Une victoire pour les ONG environnementales qui demandaient depuis longtemps la fermeture de cette centrale. Celle-ci, d’une capacité de 1 600 MW, est connue pour être l’une des plus polluantes du monde et responsable de 3% des émissions de gaz à effet de serre d’Australie, selon les Amis de la Terre.
"La fermeture d’Hazelwood s’inscrit dans la stratégie d’Engie de sortie progressive des actifs charbon de son portefeuille. Cette stratégie, définie dans le cadre du plan de transformation du groupe, vise à se concentrer uniquement sur des projets bas carbone pour la production d’électricité, dans les renouvelables et le gaz naturel", explique le groupe. Celui-ci détenait 72% de la centrale, contre 28 % pour le japonais Mitsui.
Une décision stratégique
Sur l’année 2016, Engie annonce avoir déjà procédé à des fermetures ou ventes d’actifs charbon portant sur plus de 5 GW. Sur trois ans, ce sont 15 milliards d’euros de cessions d'actifs que le groupe prévoit. En Australie par exemple, Engie dit aussi réfléchir à la mise en vente de la centrale charbon de Loy Yang B.
À la veille de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris et à quelques jours de l’ouverture de la COP22, la décision est stratégique pour l’entreprise, qui se positionne en acteur de la transition énergétique. Mais il faut aussi savoir que la centrale d’Hazelwood faisait face à des conditions de marché difficiles, avec des prix de l’électricité en baisse, et à une surcapacité de production dans l’État de Victoria. Viabiliser les opérations et les sécuriser aurait coûté plusieurs centaines de millions de dollars à Engie Australie, rapporte ainsi l’AFP. une décision intenable vu les conditions du marché. Fin octobre, le groupe s’était d'ailleurs montré sceptique sur les chances de trouver un repreneur pour cette centrale datant de plus de 50 ans.
La fermeture de cette usine, qui employait 750 personnes (450 employés d’Engie et 300 sous-traitants) ne se fera cependant pas sans incidence sur l’emploi : un demi-millier d'employés perdront leur emploi, tandis que 250 autres demeureront sur le site pour démanteler la centrale d'ici 2023 et réhabiliter la mine voisine. Le gouvernement australien a donc annoncé une enveloppe de 43 millions de dollars australiens (29 millions d'euros) pour le recasement des employés de la centrale. L'Etat de Victoria a débloqué 22 millions.
Le gouvernement australien a également précisé qu'il étudierait l'impact de la fermeture de Hazelwood sur l'approvisionnement énergétique. Celle-ci fournissait 22% des besoins de l'Etat de Victoria et 4% de ceux du pays.
"Une victoire de la mobilisation"
Pour les ONG environnementales, cette fermeture est vécue comme "une victoire de la mobilisation" qu’elle avait suscitée depuis quelques années maintenant, avec un soutien accru de la société civile. En cause, les très fortes émissions de gaz à effet de serre de la centrale alimentée par de la lignite et la pollution engendrée pour la population locale. En septembre 2014, "un incendie ravageur dans la mine attenante avait exposé les habitants de la ville de Morwell à des taux extrêmement élevés de pollution", rappellent ainsi Les Amis de la Terre.
Pour autant, l’ONG n’entend pas en rester là. "La fermeture d'Hazelwood est un signal positif. Allonger la durée de vie de cette centrale en la revendant aurait été un crime climatique et extrêmement nocif pour les populations locales, affirme Malika Peyraut, chargée de l’Énergie pour les Amis de la Terre. Mais à présent, Engie doit tenir son engagement de réhabilitation totale du site et accompagner la reconversion de l'ensemble des travailleurs directs et indirects. Le groupe doit également s'engager à ne plus jamais vendre ses centrales à charbon et négocier des plans de fermeture avec les salariés et les populations."
L’ONG se dit ainsi "vigilante" sur le fait qu'"Engie et le gouvernement français, qui en est actionnaire, s'engagent dans la fermeture, et non la revente, de l'ensemble du parc charbon".