Publié le 11 juillet 2014

ÉNERGIE

Balcombe répond au gaz de schiste par l’énergie solaire

L’été dernier, le village anglais de Balcombe faisait la une des médias. Il était devenu le symbole de l’opposition à la fracturation hydraulique. Des milliers de militants écologistes avaient maintenu la pression pendant plusieurs semaines. Ils protestaient contre les travaux exploratoires entrepris par la société Cuadrilla en vue d’extraire du gaz de schiste. Le combat a laissé la place à un ambitieux projet : les habitants de cette bourgade du Sussex se lancent dans la production d’énergie solaire.

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Eté 2013 : un manifestant opposé à l'exploitation de gaz de schsite à Balcom porte une pancarte où il est inscrit "la fracturation tue".
© Leon Neal / AFP

C’est dans l’école du village que les membres de Repower Balcombe tiennent leur réunion deux fois par mois depuis septembre dernier. Début juin, ils étaient une dizaine autour de la table pour faire le point sur l’avancée de l’installation de panneaux solaires sur le toit d’une ferme familiale de ce village situé entre Londres et Brighton. "Avec nos avocats, nous sommes en train de régler les derniers détails du contrat qui va lier la coopérative au propriétaire de Grange Farm, explique Julian Fitzsimons, le président du comité directeur de la coopérative. Nous espérons que les panneaux seront installés fin août. Ils devraient permettre de produire 19kW."

Objectif : 10 % des besoins de Balcombe

 

L’électricité générée sera vendue à un prix réduit à l’agriculteur qui a accepté que le toit de son étable soit recouvert de panneaux solaires. Le surplus d’énergie produit sera acheté par National Grid, le réseau de distribution d’électricité du Royaume-Uni. A moyen terme, l’objectif de la coopérative est d’installer suffisamment de panneaux  pour générer l’équivalent de 7,5 à 10 % des besoins en électricité des 2 000 habitants de Balcombe.

"Le projet suscite beaucoup d’intérêt dans le village", se félicite Joe Nixon, l’un des fondateurs de la coopérative. Le chargé de communication de Repower Balcombe reconnaît qu’il a fallu combattre des craintes. "Certains ont cru que nous allions installer des panneaux solaires sur toutes les maisons de Balcombe. En réalité, ce sont principalement les bâtiments publics qui en seront équipés, à commencer par l’école où nous nous trouvons", précise Joe, par ailleurs gérant de restaurants.

 

Fini la polémique, place au projet solaire

 

Mettre tout le monde d’accord sur la mise en place de la coopérative est particulièrement crucial à Balcombe. Il y a un an à peine le village était divisé en deux camps : d’un côté, ceux qui ne voyaient pas d’inconvénient aux travaux de forage entrepris par Cuadrilla ; de l’autre, ceux qui étaient farouchement opposés à la fracturation hydraulique pour extraire les hydrocarbures potentiellement enfouis sous leur petit village verdoyant. Aujourd’hui, Cuadrilla a suspendu ses travaux exploratoires sur la commune et il ne reste plus de traces du campement des écologistes-résistants.

Les habitants qui ont pris l’initiative de créer Repower Balcombe se classent clairement dans le camp des opposants à la fracturation hydraulique. Mais, autour de la table, les membres de la coopérative préfèrent éviter le sujet. Pas question de se replonger dans l’atmosphère tendue de l’été 2013, même si Julian Fitzsimons reconnaît que "la notoriété que Balcombe y a gagnée est un atout de taille pour la coopérative". La preuve: le premier panneau solaire n’a pas encore été installé que toute la presse nationale a déjà défilé dans le village et s’enthousiasme pour le projet. "Le plus important, c’est que l’accent soit mis sur la production d’énergie renouvelable", insiste Joe Nixon.

 

5 % d’intérêts assurés aux investisseurs

 

Pour financer la toute première étape de Repower Balcombe, les fondateurs de la coopérative ont puisé dans leurs économies. Et ont fait appel à de généreux donateurs. En tout, ils ont réuni 33 000 livres (environ 40 000 euros). La prochaine phase de financement du projet sera ouverte à tous les habitants du village. La coopérative table sur un retour sur investissement de 5 % pour ces petits investisseurs.

Julian Fitzsimons et Joe Nixon sont persuadés qu’ils n’auront aucun problème à lever les 300 000 livres (380 000 euros) nécessaires pour mettre fermement la coopérative énergétique sur les rails. Avec ce budget, Repower Balcombe espère générer 224 kWh. Un seul regret pour les habitants de Balcombe : l’énergie de la coopérative ne pourra pas alimenter directement le village. Elle devra obligatoirement être revendue au réseau de redistribution d’électricité national.

Amandine Alexandre
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