Publié le 21 septembre 2017
ÉNERGIE
Pourquoi les JO de Paris 2024 rouleront Toyota et pas Renault
Alors que les JO de Paris 2024 ont été placés sous le signe de l’excellence environnementale, nous ne verrons pas de véhicules électriques à batterie transporter les officiels et les athlètes sur les sites olympiques. Pourquoi ? Car le partenaire automobile officiel du Comité international olympique n’est autre que le nippon Toyota qui dispose d’une flotte de véhicules à hydrogène. De quoi booster cette filière jusqu’à présent largement délaissée.

CIO
Pas de Renault Zoé pour transporter les délégations officielles lors des Jeux olympiques de Paris 2024. Le Comité international olympique a choisi comme partenaire automobile le nippon Toyota. La décision date déjà de 2015 et le partenariat court de 2017 à 2024, incluant donc les jeux d’été qui se dérouleront dans la capitale française.
Paris, qui a mis l’accent sur l’aspect environnemental pour ces JO, est tenu de se plier à ce choix et ne pourra pas faire appel aux constructeurs français pour le transport des athlètes et des officiels. Ce sont les véhicules à hydrogène du Japonais qui seront mis à l’honneur.
L'hydrogène encore largement issu de ressources fossiles
Sans poser quelques questions puisque la filière peine encore à se structurer dans l’Hexagone. "Nous nous sommes déjà rapprochés de territoires à hydrogène qui ont été labellisés l’année dernière par la ministre de l’Environnement", assure Jérôme Lachaze, responsable développement durable au comité de candidature Paris 2024. Au total, 39 lauréats avaient été sélectionnés. Parmi eux, le projet Sphynx qui prévoit de valoriser des énergies renouvelables en hydrogène à travers deux stations de recharge, dont l'une sera située sur Paris Nord (Plaine Commune), à deux pas des principaux sites olympiques.
Car si l’intérêt des véhicules à hydrogène est qu’ils ne rejettent que de la vapeur d’eau et aucune particule fine, en amont, leur bilan carbone est pour l’instant loin d’être neutre. 95% de l’hydrogène utilisé en France est en effet produit à partir de ressources fossiles (via vaporeformage de gaz naturel). Air Liquide, le leader sur le marché, ambitionne cependant de produire au moins 50 % d’hydrogène décarboné d’ici à 2020 à partir d'énergies renouvelables avec sa démarche Blue Hydrogen.
"Je suis convaincu qu'en 2024 toutes les solutions à hydrogène proposées seront vertes", veut croire Olivier Savin, de Dassault Aviation, membre du conseil d'administration de l'Afhypac (Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à Combustible) et animateur du groupe de travail JO2024. "Mais il va falloir que le comité d'organisation olympique et les instances gravitant autour accompagnent la filière dans la mise en place de financements pour faire éclore les projets."
240 voitures à hydrogène et 17 stations de recharge
Avant Paris en 2024, la ville de Tokyo va déjà faire la part belle à l'hydrogène en accueillant les Jeux de 2020. "Il s'agit d'une volonté étatique après le traumatisme de Fukushima", commente Olivier Savin. Le pays est le plus avancé quant au déploiement de cette énergie et compte bien profiter des Jeux pour démontrer tout son potentiel. Dans cette perspective, le village des athlètes sera une "ville d'hydrogène" où l'électricité et l'eau chaude seront générées à partir de cette ressource grâce à des piles à combustible. Le gouvernement a fixé un objectif de 40 000 véhicules à hydrogène en circulation d’ici à 2020, contre 500 aujourd’hui. Il veut aussi doubler le nombre de stations de rechargement, actuellement de 80.
En France, on compte actuellement 17 stations de recharge pour 240 voitures roulant à l'hydrogène, d'après des données compilées par l'Afhypac. Une navette fluviale à hydrogène est en service à Nantes et plusieurs entreprises comme La Poste, DHL, ou encore la Ville de Paris et les pompiers de Normandie se sont équipés en flottes de véhicules et de vélos à hydrogène. À Pau, les bus rouleront aussi à l'hydrogène.
À Paris, Hype, une flotte de taxis à hydrogène, a été inaugurée lors de la COP21, il y a bientôt deux ans. Encore anonyme pour beaucoup de Parisiens, elle dispose d'une trentaine de voitures, toutes importées du Japon. Et de seulement deux stations de recharge pour l’instant, une station expérimentale à Alma-Marceau et une plus grande à Orly.
Source : Afhypac
D’ici fin 2025, la France et les États membres de l’Union européenne devront s’assurer qu’un nombre suffisant de points de recharge seront accessibles au grand public pour permettre la circulation de véhicules hydrogène. Mobilité Hydrogène France, un consortium d’acteurs publics et privés, table sur 600 stations de recharge à l’horizon 2030 et 800 000 véhicules à hydrogène roulant dans l’Hexagone. De quoi permettre d’accueillir les flottes olympiques... si les objectifs sont bel et bien atteints d'ici là.
Concepcion Alvarez @conce1