Publié le 23 avril 2023
ÉNERGIE
Dans le cœur de Londres, le vélo est désormais plus utilisé que la voiture
A Londres, les voitures laissent peu à peu leur place aux bicyclettes. Favorisé par le développement croissant d’infrastructures cyclables et par des zones à faibles émissions de plus en plus strictes, le vélo représente aujourd’hui le mode de transport le plus utilisé dans le cœur historique de la capitale anglaise.

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La petite reine serait-elle en train de conquérir Londres ? C’est ce que pourrait laisser penser un rapport transmis au comité des transports de la City of London Corporation début mars 2023. Selon les données révélées dans le document, depuis 1999, le volume de cyclistes a augmenté de 386% dans la City, quartier financier et historique de la capitale anglaise comptabilisant plus de 8 000 résidents et 513 000 usagers quotidiens. Une progression considérable, d’autant plus lorsqu’elle est comparée au nombre d’automobilistes. Ces derniers ont en effet diminué de 64% en moins de 25 ans.
Une enquête de circulation menée en novembre 2022 dans la City permet de préciser ces chiffres sur les dernières années. On y apprend que le nombre de cyclistes circulant dans la zone sur l’ensemble de la journée se situe à 102% des niveaux prépandémiques (relevés en 2019), tandis que le volume de véhicules à moteur n’est remonté qu’à 80%. Le vélo constitue ainsi le mode de transport le plus utilisé, devant les voitures, en particulier aux heures de pointe où il représente 40% du trafic.
This is quite astonishing. In London's financial centre (@cityoflondon), latest data shows "people cycling represented the single largest vehicular mode counted during peak times on City streets" https://t.co/9uM7z5EhbO pic.twitter.com/pV5QlQYQuK
— Danny Williams (@citycyclists) February 28, 2023
Le vélo gagne du terrain sur la voiture
Si ces données ne concernent que le périmètre de la City, elles illustrent la politique de transport menée depuis plusieurs années pour désengorger les rues de Londres et lutter contre la pollution de l’air. Pour cela, la capitale a largement développé ses infrastructures cyclables. D’après un communiqué publié par l’opérateur de transport public Transport for London (TfL) en novembre 2022, 22% des habitants vivent aujourd’hui à moins de 400 mètres d’une piste cyclable, soit presque deux fois plus qu’en 2019. Un chiffre qui devrait être porté à 70% d’ici 2041 selon les ambitions du maire de Londres.
En parallèle, l'usage des voitures a été restreint de manière croissante au cours des deux dernières décennies. En complément du péage urbain établit dès 2003 qui s’élève aujourd’hui à 15£ par jour pour une grande partie des véhicules, et de la zone à faibles émissions (ZFE) introduite en 2008, une zone à très faibles émissions (ULEZ) a été mise en place en 2019. Ces trois dispositifs contraignent les conducteurs souhaitant circuler dans certains quartiers de la capitale, et dont les voitures ne répondent pas aux normes d’émissions, à payer une ou plusieurs redevances chaque jour.
Des zones à faibles émissions controversées
Dans son communiqué, TfL se félicite d’une "amélioration substantielle de la qualité de l'air au cours des dernières années" avec une baisse de 20 % des concentrations de dioxyde d’azote, un polluant essentiellement issu du trafic routier. Pour faire bénéficier la périphérie de Londres d’un air plus sain, l’ULEZ sera ainsi étendue à partir du 29 août 2023. Une mesure fortement critiquée par des habitants inquiets des répercussions financières et par certains conseils municipaux conservateurs.
En France, la mise en place de ZFE est elle aussi loin de faire l’unanimité. Rebaptisées par certains "zones de forte exclusion" afin d’alerter sur le fait que les plus pauvres seraient les plus touchés, ces dernières sont devenues obligatoires dans onze villes françaises depuis le 1er janvier 2023. En 2025, elles concerneront 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants, soit 44 % de la population. Mais rien n’est gagné. La métropole du Grand Paris devrait par exemple annoncer le report de la troisième étape de sa ZFE à fin 2024. Par ailleurs, le Sénat a lancé du 17 avril au 14 mai une consultation ouverte à tous sur le sujet.