Publié le 24 avril 2020
ÉNERGIE
Le vélo, l’un des grands gagnants annoncés du déconfinement
Comment se déplacer quand la fin du confinement entrera en vigueur ? Dans plusieurs villes du monde, c’est le vélo qui est retenu car il permet de garantir la distanciation sociale tout en évitant la pollution de l’air, soupçonnée d’aggraver les risques liés au coronavirus. Le gouvernement français vient de lancer une mission sur le sujet.

@Rayons d'action
Des rues désertées par les voitures et envahies par des dizaines de vélo. Cette image, qui relevait encore de l'utopie hier, va devenir une réalité dans plusieurs villes à travers le monde. Alors qu’elles entament leur déconfinement, il s’agit d’éviter les transports en commun bondés et la propagation du virus, mais aussi de lutter contre la pollution de l’air liée, soupçonnée d'aggraver les risques liés au coronavirus selon des chercheurs de Harvard University.
Le 13 avril dernier, le gouvernement français a ainsi lancé une mission pour favoriser les déplacements à bicyclette après la levée du confinement. "Il y aura un rejet collectif des transports en commun. Si on ne veut pas prendre le métro, le bus ou le car pour se rendre au travail par crainte de la contagion, il faudra bien qu'on puisse se déplacer", relève Pierre Serne, président du Club des villes cyclables, en charge de cette mission, interrogée par Le Parisien. Des voies réservées aux voitures pourraient être transformées en pistes cyclables provisoires, délimitées avec des plots, des barrières ou un simple marquage au sol. Elles ont déjà un nom : les coronapistes.
Des boulevards parisiens transformés en pistes cyclables
"J’envisage d’aménager provisoirement des axes au-dessus des lignes de métro les plus empruntées, pour que les gens qui se sentent davantage en sécurité à vélo puissent facilement circuler. Concrètement, nous voulons doubler les lignes 1, 4 et 13 par des réseaux vélo en surface, sur les mêmes trajets" a expliqué Anne Hidalgo, la maire de Paris, dans un entretien au Journal du dimanche.
De son côté, Valérie Pécresse, la Présidente de la région Île-de-France, s’est engagée à mobiliser 300 millions d’euros pour accélérer la création d’un réseau régional cyclable déjà dans les cartons, "RER-vélo", en commençant par des voies provisoires adaptées au déconfinement dans les secteurs les plus fréquentés. "Il serait possible de passer de 400 000 à 800 000 personnes à vélo par jour", estime-t-elle. À Montpellier, deux nouvelles grandes voies cyclables ont vu le jour. Lyon, Grenoble ou Rennes prévoient aussi d'accélérer leurs plans vélo.
Ailleurs dans le monde, de nombreuses villes ont déjà franchi le pas comme à Berlin où la largeur des pistes cyclables a été doublée. À Milan, une piste expérimentale de 35 kilomètres a été lancée. À New York, des rues ont été fermées à la circulation automobile. À Bogota, en Colombie, 22 kilomètres de pistes cyclables ont été créés en une nuit, avant même le confinement, pour favoriser la distanciation sociale. Au total, la ville a mis en place 117 kilomètres de voies provisoires aménagées uniquement à l’aide de plots.
La ville de Bogota, pionnière de la mise en place de pistes cyclables temporaires Covid19, vient de mettre en ligne une vidéo
Elle permet de mieux visualiser à quoi elles ressemblent et la façon dont elles sont mises en place et utilisées pic.twitter.com/ECnTyCoyIP— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) April 19, 2020
Un moment historique pour le vélo
"Il s’agit d’un moment historique pour le vélo", veut croire Stein Van Oosteren du collectif Vélo Île-de-France. "Ces pistes provisoires de sortie de confinement sont une occasion exceptionnelle de réorganiser l’espace, en donnant de la place et de la sécurité aux cyclistes". "Une opportunité historique pour faire en quelques mois ce qui, en temps normal, aurait pris des années ou n’aurait jamais peut-être pu être envisagé", résume également l’urbaniste Dominique Riou dans un rapport publié cette semaine.
Pour que ce tournant s’opère réellement, la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) recommande de prévoir ces pistes cyclables provisoires sur des axes entiers, et pas seulement des tronçons isolés. Il faudrait aussi les accompagner de parkings à vélo provisoires, mettre en place un chèque de 100 euros pour financer la remise en état de vélos et bien signaliser les itinéraires en les calquant sur les transports en commun.
"Le mode de déplacement qui accompagnera le retour au travail après le confinement peut potentiellement mener à des changements structurels s’il est dirigé vers des modes de transport doux", prévient le Haut conseil pour le climat. Selon ses estimations (1), les émissions de gaz à effet de serre seront réduites de 5 à 15 % d’ici la fin de l’année en France. Or, la réduction des émissions du transport compte pour 60 % de la réduction totale.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le rapport du Haut conseil pour le climat publié le 21 avril