Publié le 30 décembre 2015
ÉNERGIE
Comment valoriser l’emploi de transports doux ?
Depuis quatre ans, l’agence de notation extra-financière spécialisée TK’Blue permet aux transporteurs et à leurs clients d’évaluer l’impact environnemental, économique, technique et social des modes de transport qu’ils choisissent. Elle vient de lancer un nouvel outil de valorisation des transports doux.

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"Il n’y a pas que le prix (et les délais) dans le transport" aime à rappeler Philippe Mangeard, le fondateur et président de TK'Blue, seule agence de notation extra-financière européenne à être spécialisée dans les transports. Et pourtant, combien de donneurs d’ordres intègrent les données environnementales ou sociales au moment de choisir leurs prestataires ?
La faute à un manque de données qu’est venue combler l’agence il y a de cela quatre ans, estime son fondateur. Comment ? En prenant en compte plusieurs critères : économiques, techniques mais aussi environnementaux (émissions de CO2 mais aussi pollution de l’air et des sols, accidentologie, bruit, sécurité, congestion, etc.) et sociaux (qualité du management, formation des salariés…). La note qui en résulte permet de distinguer les donneurs d’ordres et les transporteurs les plus vertueux. L’objectif : favoriser l’optimodalité, soit la combinaison de transports les moins polluants possibles.
TK'Blue se présente comme un tiers de confiance pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de transport. Les transporteurs bénéficient d’un indice TK'Blue plus ou moins élevé en fonction de la qualité et de la gestion de leurs matériels, équipements et personnels. Les chargeurs (propriétaires de la marchandise) et commissionnaires de transports (intermédiaires entre le chargeur et le transporteur) gagnent eux des TK’Blue en fonction de la note des transporteurs qu’ils ont choisis.
"Tk’€", bilan comptable des externalités négatives du transport
Parmi les clients de l’agence : de grandes entreprises donneuses d’ordres comme Castorama ou Franprix, de grosses pointures du transport comme DHL mais aussi des petites PME comme Vert chez vous !. "Pour atteindre nos objectifs de réduction de CO2, nous avons d’abord travaillé sur le basculement du transport aérien vers le maritime. Mais 80 % de notre transport est d’origine routier. Les impacts de ce mode de transport sont plus diffus : le coût pour la communauté ne se chiffre pas seulement en termes de CO2. Nous avons besoin d’un outil précis pour mesurer ces impacts pour in fine pouvoir classer nos prestataires et leur donner envie de s’engager dans un cercle vertueux. TK'Blue peut nous aider à répondre non seulement à notre problématique environnementale (CO2) mais plus généralement à notre démarche de RSE », témoigne Jean Oberle, le directeur logistique et chaîne d’approvisionnement Europe de Schneider Electric, qui teste la solution depuis quelques mois.
Pour aller encore plus loin dans l’objectivation des bénéfices obtenus par l’optimodalité, l’agence TK'Blue a aussi lancé un nouvel outil. "TK’€" permet de convertir les gains environnementaux et sociaux du report modal en équivalent euros. Il chiffre pour chaque opération de transport, mode par mode, les coûts détaillés des externalités négatives générées. Si l’on prend l’exemple d’un report modal de la route au fleuve, le résultat est probant : pour un chargeur devant transporter 300 tonnes sur 100 km par jour pendant un an (10 millions de tonnes-kilomètres par an), le total des externalités est évalué à 213 200 € pour la route contre 22 700 € pour le fleuve. Soit un gain de 190 500 euros !
L’idée est d’utiliser ces calculs, très parlants, pour communiquer auprès de ses clients, partenaires et même des autorités publiques.