Publié le 28 avril 2021
ÉNERGIE
Avec l’essor du véhicule électrique, le secteur automobile français tente de se réinventer
L’industrie automobile est engagée dans une transition à grande vitesse vers le véhicule électrique. Le gouvernement a signé un nouveau contrat avec la filière industrielle automobile française pour accompagner cette transition. Aussi bien au niveau commercial, pour développer les ventes de ces véhicules à faibles émissions, qu’au niveau industriel, pour favoriser les relocalisations en France et accompagner les reconversions des salariés affectés par la transformation de cette industrie.

@astuceprod
[Mise à jour du 28 avril 2021] L’industrie automobile française veut rester dans la course à l’électrification des véhicules. Alors que les ventes de voitures électriques ont triplé l’année dernière malgré la pandémie, le gouvernement vient de signer un nouveau contrat de filière avec la Plateforme Automobile (PFA), l’organisation qui regroupe les acteurs français du secteur. Ce contrat prévoit avant tout de renforcer le soutien du marché de l’électrique, afin de donner des débouchés aux véhicules lancés par les constructeurs. Avec l’intention ferme, de la part du gouvernement, de favoriser les relocalisations de sites industriels en France.
"La transition du véhicule thermique vers le véhicule électrique peut être une opportunité historique de relocaliser notre production automobile sur le territoire français", assure Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances. Avant tout, le ministre a annoncé de nouvelles mesures pour permettre aux ventes de poursuivre leur progression. Les aides à l’achat pour les véhicules électriques seront donc prolongées et étendues aux véhicules utilitaires. En parallèle, les bornes de recharges vont se multiplier. Le gouvernement a annoncé récemment des aides au financement de stations de recharge sur les voies rapides et autoroutes. Selon Bruno Le Maire, 156 stations-service sur les autoroutes seront équipées d’ici l’été et 192 d’ici la fin de l’année, sur les 368 que compte le réseau français.
Nouvelles offres des constructeurs
Les constructeurs vont, de leur côté, continuer de muscler leurs offres. Stellantis, le groupe qui rassemble PSA et Fiat, a annoncé lors de son assemblée générale le 15 avril qu’il vendrait 70 % de véhicules électriques et hybrides d’ici 2021. Surtout, il prévoit de proposer des voitures électriques dont l’autonomie atteindra 800 km dès 2023, de quoi lever les freins à l’achat sur le risque de panne. Luca di Meo, le nouveau directeur général de Renault, a annoncé lors de l’AG du 23 avril que 90 % de la gamme serait électrique en 2030. La marque au losange a par ailleurs dévoilé sa nouvelle raison d’être : "Nous faisons battre le cœur de l’innovation pour que la mobilité nous rapproche les uns des autres".
C’est justement l’innovation qui doit permettre de rapatrier la production automobile en France. "Il faut financer massivement les innovations dans le véhicule électrique, à hydrogène et autonome", martèle Bruno Le Maire. Une enveloppe de 150 millions d’euros doit ainsi permettre l’émergence de nouvelles technologies.
Reconvertir les salariés
Cette transition de l’industrie automobile française sur des nouvelles motorisations moins émettrices de gaz à effet de serre s’accompagne cependant de risques sociaux, notamment pour les entreprises sous-traitantes. Le secteur de la fonderie, qui fournit notamment des pièces pour les moteurs thermiques, se retrouve particulièrement en difficulté. Les véhicules électriques nécessitent en effet près de quatre fois moins de pièces en acier que les véhicules à moteurs thermiques. Le secteur compte 365 entreprises, pour 30 000 emplois en France, dont la moitié sont liés à l’automobile.
La Fonderie de Bretagne illustre justement la difficulté de ce changement de modèle. Le groupe Renault, propriétaire de cette filiale, a décidé le 11 mars de revendre ce site de 350 salariés qui produit des pièces pour l'automobile. Inquiets pour leur avenir, les salariés ont décidé de bloquer l'usine de Caudan, dans le Morbihan.
"L’outil de production est trop petit, trop dispersé sur le territoire et n’est pas positionné sur des marchés porteurs, déplore Bruno Le Maire. "Nous allons mettre en place un plan d’action spécifique qui doit servir de modèle pour l’ensemble des évolutions industrielles." Le gouvernement a demandé aux deux constructeurs français de contribuer à la transformation du secteur, en aidant les fonderies à trouver de nouveaux débouchés. Ils vont participer, avec l’État, à un fonds de 50 millions d’euros pour permettre la reconversion des salariés travaillant dans les fonderies.
Arnaud Dumas, @ADumas5