Publié le 04 mars 2023

ÉNERGIE

Après les RTT, voici les TTR, les temps de trajet responsables pour éviter l’avion

Prendre le temps de partir en week-end en train plutôt qu'en avion, sans se soucier de l'impact du temps de trajet sur nos jours de congés. C'est l'idée lancée par les salariés d'Ubiq, plateforme de bureaux partagés, et approuvée par la direction. Tous ont désormais droit à 2 jours de TTR (Temps de trajet responsable) par an, pour privilégier les mobilités bas-carbone. Une initiative inédite qui contribue à changer les comportements et qui pourrait inspirer d'autres sociétés. 

Train iStock
Pour ces deux journées additionnelles de congés, Ubiq estimé le coût entre 600 à 700 euros par employé par an.
Istock

Qui n’a pas pris l’avion, plutôt que le train, pour gagner du temps sur son week-end ? Pour valoriser et favoriser les engagements écologiques des salariés, une entreprise vient de lancer un dispositif inédit en France, les TTR, Temps de trajet responsable. Le concept est clair : permettre aux collaborateurs de prendre deux journées par an, pouvant être réparties en demi-journées, pour privilégier les voyages plus responsables.

"Concrètement, le collaborateur qui aura choisi un trajet plus responsable bénéficie d’une journée "semi-off" pour son trajet. Il/ Elle est invitée à travailler uniquement si c’est possible et quand il en a la possibilité, explique la directrice communication d’Ubiq, Margaux Beaunez. Une connexion limitée permettra par exemple de répondre à quelques e-mails, de lire une étude ou de réfléchir à un sujet de fond. Puis de profiter pleinement de son week-end à impact carbone limité." 

Un critère de fidélisation

C'est ce qu'a fait Dimitri Chevalier, employé d'Ubiq. "Je devais me rendre à Vienne. D'habitude, je prends l'avion, de porte-à-porte j'en ai pour 4h30. Là, j'ai décidé de prendre le train de nuit, j'en ai eu pour 16h, mais avec les demi-journées, ça permet de compenser le temps de trajet qui est long", explique-t-il à Novethic. 

Pour un week-end par exemple à Barcelone, l’idée est que le salarié puisse poser son vendredi après-midi en TTR pour prendre un train - il faut compter sept heures - et puisse faire de même le lundi pour arriver dans l’après-midi. "L’initiative des TTR provient des salariés. C’est aussi ça qui me plait, elle vient contribuer à notre marque employeur", indique à Novethic le directeur général Mehdi Dziri. Et de fait, Dimitri Chevalier considère ces TTR comme un "petit plus" qui participe à la la fidélisation dans l'entreprise.

Pour ces deux journées additionnelles de congés, Ubiq estime le coût entre 600 et 700 euros par employé par an. "Ça s’inscrit dans une réflexion plus large autour du temps de travail, de la flexibilité, de l’attente des salariés plutôt qu’une démarche de chiffrage économique RSE", avance le DG. 

"Modifier les modes de consommation"

L'initiative a été saluée par plusieurs membres du milieu associatif écologique dont Eva Morel, cofondatrice du collectif Quota Climat. "Cette mesure est l’une des nombreuses manières dont les entreprises peuvent accompagner leurs employés à modifier leurs modes de consommation en faveur de la transition écologique, écrit-elle sur Linkedin. Elle permet de réaliser que, parmi les impacts écologiques indirects des entreprises (scope 3), réside également leur force de prescription de matière comportementale".  

Si Ubiq espère que les Temps de trajet responsable vont inspirer d’autres entreprises, l'entreprise pointe aussi la nécessité de développer le train pour qu’il soit plus accessible. "Alors qu’un Paris-Milan se fait facilement depuis la Gare de Lyon en direct en 6h45 à un tarif raisonné, il faut prévoir 16h pour un Paris-Vienne avec un passage par Munich en train couchette. De même, Lisbonne n’est clairement pas accessible à moins de prévoir une trentaine d’heures de voyages et deux moyens de transports différents", note Margaux Beaunez. Pour développer le transport ferroviaire, le gouvernement vient de mettre 100 milliards d’euros sur la table. Relance des trains de nuit, RER métropolitains, modernisation des voies ferrées… les enjeux sont nombreux. 

Marina Fabre Soundron


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