Publié le 01 octobre 2021
ÉNERGIE
L'alliance européenne des batteries électriques se fera avec Mercedes... mais sans Renault
Mercedes-Benz a annoncé fin septembre rejoindre la coalition menée par la société Automotive Cells Company (ACC) pour faire émerger un "Airbus des batteries" électriques afin de garantir une indépendance de l'Europe et concurrencer les fabricants asiatiques. Renault a choisi de ne pas rejoindre l'alliance, initiée par TotalEnergies et Stellantis.

@ALFSnaiper / Istock
L'émergence d'une alliance pour les batteries électriques prend forme. Le groupe automobile allemand Mercedes-Benz a annoncé le 24 septembre rejoindre la coalition Automotive Cells Company (ACC), filiale de Stellantis (Peugeot, Citroën,Opel, Fiat…) et de Saft du groupe TotalEnergies. Fondée en 2020, ACC ambitionne de devenir la championne européenne des batteries électriques pour "préserver la prééminence de l’Europe dans l’industrie automobile mondiale" selon les mots du patron de Daimler, Ola Källenius. L'objectif est aussi de s'affranchir de la dépendance aux fabricants de batteries en Asie. En 2020, les six premiers acteurs du secteur, exclusivement asiatiques, accaparaient 86 % du marché.
Pour y faire face, les trois groupes européens s’associent à part égales pour investir dans la recherche et le développement de nouvelles technologies et innovations, afin d'améliorer notamment le temps de recharge des batteries et leur autonomie. Le constructeur allemand se donne également pour objectif de travailler sur des modèles dont les matériaux sont "recyclables à 85 % et réutilisables à 95 %". D’ici 2030, ACC devrait investir sept milliards d’euros, comprenant une aide financière octroyée par l'Union européenne.
Daimler espère pouvoir s’approvisionner en batterie dès 2025. La mise en service de la première giga-usine actuellement en construction à Douvrain, dans les Hauts-de-France est prévue pour 2023. Une seconde usine est en projet dans le sud-ouest de l’Allemagne, à Kaiserslautern. De capacité identique, elles devraient à elles deux pouvoir fournir à terme des batteries pour un million de voitures par an.
Renault fait bande à part
Si en mai 2020 Renault avait annoncé rejoindre "l’alliance des batteries", sous la pression du ministère de l’Économie, le groupe a finalement choisi de faire route à part, estimant ne pas "être traité à parité" avec PSA, et regrettant un manque d’engagement dans la recherche de nouvelles générations de batteries. "Renault a décidé de ne pas rejoindre ACC alors même que les conditions proposées étaient de nature analogue à celles de Mercedes-Benz", a regretté le Directeur général d’ACC, Yann Vincent, sur le plateau de BFM TV le 27 septembre, soulignant cependant que "les discussions se poursuivent".
Mais l’entrée de la marque au losange dans la coalition semble plus que jamais au point mort. En juin, le constructeur automobile français a choisi de lancer sa propre usine de batteries à Douai en s’associant au groupe sino-japonais Envision AESC. Renault deviendra donc "un concurrent", a ajouté le Directeur général d’ACC, mettant à mal le projet de faire émerger un "Airbus des batteries", en référence à l’alliance des constructeurs européens du secteur aéronautique créée dans les années 1960, et devenue aujourd'hui la principale concurrente de l’étatsunien Boeing.
Pauline Fricot, @PaulineFricot