Publié le 07 décembre 2015

ÉNERGIE
La question énergétique au cœur de la lutte contre le changement climatique
De nombreuses initiatives ont été prises ce lundi 7 décembre, journée consacrée à l’énergie dans le cadre du Programme d’Actions Paris-Lima (LPAA), mené en parallèle des négociations climatiques qui se tiennent au Bourget. C'est en particulier le secteur privé qui se mobilise pour favoriser le développement des énergies renouvelables et pour promouvoir l'efficacité énergétique. Passage en revue des principaux engagements rendus public ce lundi.

Crédit : PATRICE THEBAULT - ONLY WORLD - AFP
La production, la distribution et la consommation d’énergie sont responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Mais, bonne nouvelle, le secteur dispose d'une grande marge de progression.
Selon l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), agir sur l’efficacité énergétique permettrait de réduire de 49 % les émissions de GES. De même, le recours aux énergies renouvelables permettrait de contribuer à hauteur de 30 % aux efforts de réduction. Et une étude de la coalition "1 Gigaton", portant sur 6 000 projets d'efficacité énergétique et d'énergies renouvelables dans les pays en développement, démontre qu'ils permettent une réduction des émissions de 1,7 Gt de CO2 par an d'ici 2020.
Au Bourget, la journée thématique consacrée à l’énergie dans le cadre du Programme d'Actions Paris-Lima (LPAA), a donc été marquée par une avalanche d'initiatives de la part des gouvernements, des collectivités et du secteur privé. Des engagements qui doivent cependant être concrétisés. Et qui doivent surtout permettre de changer de braquet. Revue de détails.
53 entreprises sur la voie du 100 % de renouvelable
Lancée au Sommet pour le climat à New York en 2014 avec la participation de 13 grandes entreprises, du fabricant de mobilier suédois Ikea à l’assureur Swiss Re, l’initiative RE 100 visant 100 % d’énergies renouvelables regroupe désormais 53 entreprises. Parmi les dernières à s’être engagées, Google, mais aussi le groupe BMW, Coca-Cola Enterprises, International Flavors & Fragrances Inc. (IFF), Nordea Bank, Pearson PLC et Swiss Post. La Poste, également membre de l'initiative, fait figure d’exception française.
Mis bout à bout, les engagements des 53 entreprises permettent d’éviter l’émission de 56 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit l’équivalent des émissions d’un pays comme le Maroc. "Mais si toutes les entreprises du secteur privé se mettaient aux énergies renouvelables, cela permettrait de réduire les émissions de GES de 10 à 15 %", déclare Steve Howard, directeur du développement durable chez Ikea. L’initiative RE 100 est menée par The Climate Group en partenariat avec le CDP (ex-Climate Disclosure Project).
775 entreprises engagées dans l’efficacité énergétique
Autre initiative menée avec le secteur privé : We Commit Companies dans le cadre de SE4ALL (Énergie durable pour tous) créée par le secrétaire général des Nations Unies en septembre 2011. Quelque 775 entreprises se sont engagées à renforcer l’investissement et les mesures en faveur de l’efficacité énergétique pour une économie de 62 000 gigawatt-heures sur les cinq prochaines années.
"Cela correspond à la consommation énergétique de la ville de Paris pendant 9 mois", détaille Jean-Marc Ollagnier, directeur général d’Accenture pour le secteur de l’énergie et membre du comité consultatif de SE4ALL. "Nous n’en sommes qu’aux prémisses, et je suis sûr que dans les six mois à venir, nous aurons la possibilité de doubler, voire de tripler, ces engagements. C’est essentiel pour montrer que nous pouvons nous engager avec des résultats tangibles".
Par ailleurs, toujours dans le cadre de SE4ALL, plus de 70 pays ont accepté de renoncer aux ampoules à incandescence et de promouvoir l’utilisation de technologies d’éclairage plus efficientes telles que les LED. Cette transformation, si elle était globale, pourrait permettre de diminuer de plus de moitié l’électricité nécessaire à l’éclairage.
De même, 60 pays ont adhéré à l’Initiative mondiale pour les économies de carburant (GFEI), dont l’objectif est de réduire de moitié la consommation moyenne d’ici 2050. 18 pays se sont engagés à adopter des politiques ambitieuses en matière d’efficacité des appareils électriques (climatisation, réfrigérateurs, etc.). Et enfin, deux projets pilotes vont être lancés en Chine et en Inde pour réduire les émissions du secteur industriel entre 2016 et 2020.
Une place de marché pour rapprocher les projets des investisseurs
Du côté des financements, plusieurs engagements ont également été annoncés ce lundi. Plus de 100 banques et un groupe de 39 investisseurs, gérant près de 4 000 milliards de dollars d’actifs, se sont engagés à augmenter fortement la proportion des prêts destinés à l’efficacité énergétique dans leurs portefeuilles. Menée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et l’Initiative financière du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), "il s’agit d’une étape essentielle au quadruplement nécessaire des montants financiers pour concrétiser pleinement le potentiel d’efficacité énergétique requis pour lutter contre les changements climatiques", explique Josué Tanaka, de la BERD.
Une "Place de Marché" des énergies renouvelables a également été inaugurée par l’Irena, l’Agence internationale des énergies renouvelables. Ce marché doit mettre en relation les projets avec les investisseurs en s’attaquant d’abord à l’Afrique et à l’Amérique latine. La plateforme devrait accueillir 100 projets d’ici début 2016 et mobiliser 10 milliards de dollars de financements sur les trois prochaines années. Il contribuera au doublement des investissements annuels nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques. Enfin, un nouveau fonds coopératif public/privé baptisé "ElectriFI" a été lancé avec un financement initial de 75 millions d’euros de la part de la Commission européenne.
"Je sens vraiment une accélération du processus, avec un vrai enthousiasme de nos partenaires. On ne les supplie pas de participer à nos initiatives mais ce sont eux qui demandent à nous rejoindre de façon volontaire, c’est deux fois plus efficace", a déclaré Ségolène Royal dans son discours de clôture de la journée.