Publié le 10 janvier 2018
ÉNERGIE
L'Ukraine construit sa première centrale solaire à Tchernobyl
Les 2000 kilomètres du no man’s land de Tchernobyl en Ukraine, où a eu lieu le plus grave accident nucléaire de l’histoire en 1986, sont en passe de retrouver une nouvelle vie. Un an après l’installation d’un sarcophage de protection, l’Ukraine lance la construction d’une centrale photovoltaïque à quelques centaines de mètres du réacteur accidenté.

Vinci
En 2016, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) présentait à quoi ont servi les 2,2 milliards d’euros dépensés à Tchernobyl pour sécuriser le site qui a connu le plus grave accident nucléaire de l’histoire en 1986. Un événement qui avait contaminé les trois quarts de l’Europe et laisser sur place une zone de 2 000 kilomètres carrés pour les 70 000 ans à venir. Le principal progrès était l’achèvement d’un sarcophage d’acier géant, une arche, pour recouvrir le réacteur endommagé, source de radiations extrêmes.
À cette occasion, Hanna Vronska, alors ministre de l’écologie faisait un voeux qui sur le moment paraissait un peu insensé. Son premier projet était de créer une "réserve naturelle". "L’idée est que la nature est au calme dans cette zone. Il faut en profiter pour faire des recherches scientifiques et préserver l’écosystème de cette région", expliquait-elle. La seconde est de "développer dans cette zone un parc solaire. Tout est réuni pour y construire une grande centrale photovoltaïque".
Un million d’euros investis
Deux ans plus tard, cette dernière proposition a abouti. L'Ukraine se prépare à lancer sa première centrale solaire dans la zone contaminée. D'une puissance relativement symbolique d'un mégawatt, la centrale se trouve à seulement une centaine de mètres du nouveau "sarcophage". Une telle centrale peut couvrir la consommation d'environ 2 000 foyers vivant en appartements, explique à l'AFP Evguen Variaguine, directeur de l'entreprise ukraino-allemande Solar Chernobyl qui a réalisé ce projet.
Le groupe a dépensé un million d'euros dans cette structure d'environ 3 800 panneaux photovoltaïques installés sur 1,6 hectare, le double de la pelouse d'un stade de football. Il espère rentabiliser le projet d'ici à sept ans. A partir de cette unité qui doit être inaugurée dans les semaines à venir, le groupe prévoit d'atteindre un total de 100 mégawatts dans la zone où le niveau d'ensoleillement "est le même que dans le sud de l'Allemagne", souligne Evguen Variaguine.
"Ce territoire ne peut évidemment pas être utilisé pour l'agriculture, mais il convient tout à fait pour des projets innovants et scientifiques", assurait à l'AFP en 2016 le ministre ukrainien de l'Environnement Ostap Semerak. Des précautions restent nécessaires : les supports des panneaux photovoltaïques de Solar Chernobyl ne sont pas plantés directement dans la terre contaminée, mais fixés sur des socles en béton posés à même le sol. "Nous ne pouvons pas forer ou creuser ici en raison des règles de sécurité", explique Evguen Variaguine.
Ludovic Dupin avec AFP