Publié le 13 mars 2014
ÉNERGIE
L'Allemagne fait des énergies renouvelables la clé de son aide au développement de l'Afrique
Berlin revoit actuellement sa stratégie d'aide au développement sur le continent africain. Au cœur de celle-ci : le développement des énergies renouvelables. Pour les pays africains concernés, les avantages sont nombreux : transfert de technologie, formation sur place, indépendance énergétique, etc. Pour les PME allemandes du secteur, c'est un nouveau marché prometteur. Un modèle gagnant-gagnant ?

© Nathalie Bertrams (worldfuturecouncil)
Energie pour tous |
Le recentrage par Berlin de sa stratégie d'aide au développement en Afrique autour des énergies renouvelables s'inscrit dans un débat mondial. Selon les Nations Unies, c'est le manque d'accès des populations à l'électricité qui est le frein majeur au développement. C'est pourquoi l'organisation a lancé l'initiative «Sustainable Energy for All» (SE4All) dont l'objectif est de permettre l'accès à une énergie durable à 1,3 milliard de personnes à l'horizon 2030. |
« Lorsque nous nous déplaçons sur le continent africain, deux requêtes précises nous sont adressées: aidez-nous à produire de l'électricité et exportez votre savoir-faire en matière d'énergies renouvelables », rapporte Stefan Liebing, président de l'Association des entreprises germano-africaines en marge de la conférence « Managing Risk in Africa » tenue au siège de la Commerzbank à Francfort. L'association comprend environ 600 membres dont la moitié est issu du monde des PME (le « Mittelstand ») et du secteur des énergies renouvelables. Pour Stefan Liebing, il n'y a donc pas de doute : il est nécessaire de lier activités industrielles et aide au développement.
Les acteurs du secteur énergétique coopèrent depuis plusieurs années déjà, qu'ils soient issus du domaine public, privé ou coopératif, souligne un porte-parole du ministère de l'Aide au développement (BMZ). « Entre 2004 et 2011, environ 6 milliards d'euros ont été consacrés à des projets énergétiques et ils y étaient tous impliqués », relève-il. « De fait, l'énergie est devenu un élément central de l'aide au développement allemand et son importance devrait rapidement croître de manière significative ».
La volonté de pousser un « made in Germany » responsable
Seul problème, mais de taille: « les PME n'ont pas les mêmes capacités que les entreprises du Dax (le CAC 40 allemand, ndlr) à investir en Afrique », note Stefan Liebing. Aussi son organisation en appelle-t-elle à un soutien plus soutenu de Berlin, via par exemple l'attribution de garanties par l'agence allemande d'assurance-crédit Hermes. Plus généralement, c'est une meilleure efficacité de l'aide au développement qui est visé : « il serait judicieux à nos yeux de voir une collaboration bien plus étroite entre ministère de l'Aide au développement et ministère de l'Economie et de l'Energie », estime ainsi Stefan Liebing.
Dans un contexte de concurrence accrue avec la Chine, très active sur le continent africain, le président de l'association des entreprises germano-africaines rappelle aussi l'importance du «made in Germany » en matière de RSE. « Il se distingue non seulement par sa grande qualité technologique, mais aussi par ses standards sociaux et environnementaux. Nous aimerions que les gouvernements africains intègrent ces critères lors de leurs appels d'offre ». Un nouveau chantier en perspective.