Publié le 30 novembre 2017
ÉNERGIE
Energies marines : Naval Energies supprime un tiers de ses effectifs... et accuse le gouvernement
Décidement la France peine à créer des filières industrielles dans les énergies renouvelables. Après avoir loupé la création de champions de l’éolien terrestre et du solaire, le pays est train de mettre à mal la filière naissante des hydroliennes et de l'éolien offshore. Face à la lenteur des prises de décisions par les gouvernements, Naval Group a décidé de réduire massivement la voilure sur le sujet.

La filiale de Naval Group (Ex-DCNS) spécialisée dans les énergies marines renouvelables (EMR), Naval Energies, va supprimer 100 postes sur 260, a annoncé jeudi son directeur à l'AFP, justifiant cette décision par un développement plus lent que prévu du marché.
Trente salariés de Naval Energies en France vont être transférés vers Naval Group et 70 salariés d'OpenHydro, filiale de Naval Energies en Irlande, vont voir leurs postes supprimés, sans transferts dans le groupe, a précisé Laurent Schneider-Maunoury, nouveau directeur de Naval Energies depuis octobre.
"Les non annonces" du gouvernement aux Assises de la mer au Havre le 22 novembre "nous ont conforté dans l'idée que le marché se développe moins rapidement que prévu", a expliqué Laurent Schneider-Maunoury.
Les industriels ont attendu en vain l'annonce de nouveaux appels d'offres dans les EMR, en particulier dans l'hydrolien, ces turbines posées au fond l'eau qui produisent de l'électricité grâce aux courants. Naval Energies a décidé "il y a quelques jours" cette réduction d'effectifs envisagée depuis plusieurs semaines, selon le directeur. Il s'agit "d'une adaptation (...) du fait d'un certain ralentissement de la volonté publique pour développer les EMR", a-t-il ajouté.
Nicolas Hulot veut évaluer la technologie
Interrogé par l'AFP le 22 novembre au Havre sur l'absence d'appel d'offre sur les hydroliennes, le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot avait répondu: "Ne brûlons pas les étapes (...) On va faire évaluer" cette technologie, moins mature que l'éolien offshore.
Naval Energies considère de son côté que "cette technologie est mûre", même si "des améliorations" sont encore à venir en terme "d'industrialisation". Elle compte toujours ouvrir au printemps son usine d'assemblage d'hydroliennes en construction à Cherbourg.
Dans cette usine d'une capacité de 25 hydroliennes par an, doivent être construites une hydrolienne commandée par le Japon et les sept hydroliennes de la ferme pilote prévue dans le raz Blanchard, au large de Cherbourg, avec une mise à l'eau début 2020.
L'entreprise va dans l'immédiat se concentrer sur l'expérimentation d'hydroliennes en 2018 dans la baie de Fundy au Canada. Naval Energies entend toujours être un leader mondial des EMR et envisage un retour des 30 salariés qui vont être transférés chez Naval Group, d'ici "un, deux ou trois ans", selon Laurent Schneider-Maunoury.
La Rédaction avec AFP