Publié le 15 mars 2019
ÉNERGIE
[Édito Vidéo] Les pétroliers, ces champions des renouvelables
Bon gré mal gré, les pétroliers investissent de plus en plus dans les énergies renouvelables. Et leur puissance financière fait qu’à terme, ce sont eux qui vont capter l’essentiel de la croissance de ce secteur des nouvelles énergies. C’est d’ailleurs pour cela que le fonds souverain norvégien, décidé à limiter son exposition au pétrole, garde en portefeuille des majors comme Shell, qui vise à devenir le plus grand électricien au monde.

@Total
Les réserves de pétrole sont bien plus abondantes que ce que beaucoup avaient prédit. Et le monde en consomme de plus en plus. Autant dire que, malgré l’urgence climatique, le pétrole est loin d’avoir abattu sa dernière carte. Cela ne veut pourtant pas dire que les pétroliers ne vont pas changer leur fusil d’épaule.
Du moins, c’est ce que croit le fonds souverain norvégien. Il vient de bousculer le monde de l’or noir en annonçant qu’il allait désinvestir 37 milliards de dollars des entreprises productrices de pétrole. Un séisme venant d’un fonds qui a justement bâti sa fortune de 1 000 milliards de dollars sur le pétrole de la mer du nord. Pourtant, dans le détail, les majors comme BP, Shell ou Total sont épargnés par cette politique.
Pourquoi ? L’un des arguments du fonds est que ces grands pétroliers sont les plus à même d’investir dans les énergies renouvelables à terme. Souvent poussés, voire contraints, par leurs investisseurs, c’est eux qui devraient capter l’immense majorité de la croissance du secteur dans les années à venir… puissance financière oblige !
Shell le plus grand… électricien
Comme pour donner raison au fonds norvégien, Shell vient d’annoncer fièrement que le groupe sera le plus grand électricien de la planète en 2030, essentiellement due à une diversification dans les énergies propres (ce qui implique renouvelables et gaz). Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour que Shell concurrence un EDF ou un électricien chinois.
Dans le Financial Times, Maarten Wetselaar, responsable du pôle gaz et énergies renouvelables de Shell, a des arguments de poids. D’une part, le groupe annonce des investissements compris entre un et deux milliards de dollars chaque année dans les énergies renouvelables. D’autre part, il juge que Shell est plus souple que les électriciens classiques coincés par "leur lourd héritage de centrales à charbon et nucléaire et leur stratégie très centralisée".
Le Français Total a aussi engagé cette diversification vers l’électricité renouvelable après les rachats de Lampiris, de Direct Energie et de fabricants de panneaux solaires. Si aujourd’hui on voit des géants comme Shell ou Total bousculer leur cœur de métier pour embrasser un peu la transition énergétique, cela veut dire que toutes les entreprises au monde peuvent le faire.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin