Publié le 22 janvier 2020

ÉNERGIE

Seuls 1 % des investissements des pétroliers vont vers d’autres énergies que les fossiles

Les grands pétroliers ont entamé un virage vers des énergies alternatives aux fossiles, mais bien trop timidement assure l’Agence Internationale de l’énergie. Pour ces experts, les entreprises privées et publiques doivent aller beaucoup plus vite. Pour l’heure, les investissements hors cœur de métier restent quasiment anecdotiques.

Forage petrolier BP en Egypte sur le champs de Maersk
Forgae pétrolier de BP au large de l'Égypte.
@BP

Le secteur pétrolier et gazier peut "faire beaucoup plus" pour répondre à la crise climatique, en se diversifiant davantage dans les énergies propres, alerte l'Agence internationale de l'énergie. "Le secteur peut faire beaucoup plus pour répondre à la menace du changement climatique", écrit l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié lundi 20 janvier.

"Quel que soit le chemin suivi par le monde, les impacts climatiques vont devenir plus visibles et plus graves ces prochaines années, augmentant la pression sur tous les éléments de la société pour trouver des solutions. Ces solutions ne se trouvent pas dans le paradigme actuel du pétrole et du gaz", juge-t-elle. L'agence estime ainsi qu'un changement "beaucoup plus significatif" dans la destination des investissements des entreprises du secteur serait nécessaire.

Les groupes pétroliers ont certes plus ou moins pris le virage de la diversification vers le solaire, vers l'éolien maritime et terrestre, ou les biocarburants. C’est le cas par exemple du Français Total qui multiplie les projets. L’entreprise vient par exemple d’annoncer la construction d’une gigantesque centrale solaire de 800 MW au Qatar, un chantier à plus de 420 millions d’euros qui doit s’achever début 2022.  Toutefois, ces investissements hors de leur cœur de métier ne représentent aujourd'hui que 1 % de leurs investissements totaux. Même pour les entreprises les plus avancées dans la transition, ce chiffre plafonne à un maigre 5 %, regrette l'AIE.

Des pétroliers nationaux à mobiliser

"Pour le moment, il y a peu de signes d'un changement majeur dans les dépenses d'investissement des entreprises", pointe-t-elle. Autre point avancé par l'agence basée à Paris : la réduction des émissions liées directement aux opérations du secteur (de l'extraction à la distribution des hydrocarbures) "devrait être une priorité de premier ordre pour tous". Elles représentent aujourd'hui 15 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie.

Il faudrait notamment s'attaquer aux fuites dans l'atmosphère de méthane, un gaz au pouvoir très réchauffant. L'AIE note au passage que la solution n'est pas seulement entre les mains des "supermajors", ces groupes privés géants comme BP, ExxonMobil ou Total vers lesquels se tournent généralement les regards.  Les compagnies nationales représentent en effet plus de la moitié de la production mondiale d'hydrocarbures, et "nombre d'entre elles sont mal placées pour s'adapter aux changements dans la dynamique énergétique mondiale".

Preuve en est, le premier émetteur de la planète est nul autre que l’entreprise nationale Saudi Aramaco, premier producteur de pétrole de la planète. À lui seul, le poumon économique du Royaume Wahhabite a émis 4 ,4 % des émissions de CO2 de la planète depuis 1965 selon une enquête du Guardian, devançant l’américain chevron et le russe Gazprom.

Ludovic Dupin avec AFP


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