Publié le 05 septembre 2019
ÉNERGIE
Mine de charbon près de la grande barrière de corail : AIG, l’un des derniers assureurs en course, est mis sous pression
Les ONG australiennes mettent la pression sur l’assureur américain AIG afin qu’il refuse de soutenir le complexe minier dans le Queensland porté par l’entreprise indienne Adani. Les activistes ont organisé fin août des manifestations dans les bureaux australiens de l’assureur. Une quinzaine de compagnies mondiales ont déjà déclaré publiquement qu’elles n’assureraient pas ce projet, jugé néfaste pour le climat.

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Les bureaux de Sydney d’AIG ont reçu une visite particulière fin août. Des activistes du climat, emmenés par l’organisation SumOfUs, ont pénétré dans le hall du siège australien de l’assureur américain le jeudi 27 août pour protester contre l’énorme projet de mine de charbon Carmichael, dans le Queensland. Ils lui ont présenté une pétition de près de 110 000 signatures pour lui demander de ne pas assurer le projet porté par l’entreprise indienne Adani. Une manifestation similaire menée par l’organisation Market Forces se tenait, au même moment, dans les locaux de Brisbane de l’assureur.
AIG fait partie des derniers assureurs en piste pour soutenir la mine Carmichael, jugée dévastatrice pour l’environnement par les ONG. Situé au Nord-Est de l’Australie, proche de la barrière de corail, le projet minier prévoit de fournir jusqu’à 60 millions de tonnes de charbon thermique par an, de quoi émettre à lui seul plus de CO2 que la Norvège, la Suède, la Grèce et le Chili, selon SumOfUs. Constitué de plusieurs mines sous-terraines et à ciel ouvert, le complexe risquerait de peser sur les capacités en eau de la région, et les besoins de transport par bateau du charbon pourraient abîmer la barrière de corail.
Porter un coup dur au projet
La défection de l’américain AIG porterait un nouveau coup dur à la "méga mine", l’entreprise indienne pouvant difficilement se passer des immenses capacités financières de grands assureurs mondiaux pour porter le projet. "Ils disent avoir déjà leur assurance en place. Nous pensons que cela ne concerne que leur niveau très limité d’opération existant, déclare Pablo Brait, chargé de campagne chez Market Forces. S’ils veulent se lancer dans la construction à grande échelle, ils ont toujours besoin de nouveaux contrats d’assurance, et nous avons l’intention d’empêcher ces contrats."
Sous la pression des ONG et des citoyens, 14 grands assureurs et réassureurs mondiaux comme Axa, Allianz, Scor, ou Munich Re, mais aussi tous les assureurs australiens (QBE, Suncorp, etc.), ont déjà annoncé publiquement leur décision de ne pas participer complexe minier Carmichael. Même chose du côté des banques et des investisseurs qui se sont, un à un, désengagé du projet, poussant Adani à choisir l’option de l’autofinancement.
Arnaud Dumas, @ADumas5