Publié le 10 mars 2014
ÉNERGIE
Le fonds norvégien pourrait renoncer aux énergies fossiles
Un groupe d'experts indépendants va étudier la faisabilité d'un scénario conduisant le fonds souverain norvégien à ne plus investir dans les énergies fossiles. Cette hypothèse, surprenante pour le plus grand investisseur institutionnel mondial alimenté par la production pétrolière du pays, est le fruit d'une décision parlementaire. La majorité, de droite, a ainsi voulu bloquer l'initiative des travaillistes qui souhaitaient empêcher le fonds de financer la production de charbon.

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Financer ou non les énergies fossiles ? Certains grands investisseurs internationaux se posent la question depuis qu'a émergé le concept de risque carbone. Cela suppose de renoncer maintenant à une source de performances financières au nom du fait qu'elles pourraient s'effondrer dans le futur et qu'elles nuisent à l'environnement. Le fonds norvégien, plus grand investisseur mondial, va devoir plancher sur le sujet. Le 27 février 2014, le Parlement a décidé de mandater un groupe d'experts indépendants pour qu'il étudie la possibilité pour le fonds de ne plus investir dans les énergies fossiles. Cette étude va prendre plusieurs mois. Elle ne devrait pas avoir de conséquences avant 2015 mais elle a coupé l'herbe sous le pied d'une autre initiative norvégienne visant à interdire au fonds souverain d'investir dans la production de charbon.
Pour Responsible Investor.com, spécialiste de l'investissement responsable, un retrait des énergies fossiles aurait des conséquences importantes pour le fonds norvégien. Celui-ci investit environ 43 milliards de dollars dans des compagnies pétrolières et gazières, ce qui représente 8,4 % de ses actions. Dans la liste de ses dix premières participations, on trouve ainsi BP et Shell. Toutefois, il faut souligner que si ces choix financiers participent de ses excellentes performances financières (+16 % en 2013), les placements verts du fonds se sont avérés tout aussi lucratifs.
Depuis 2009, le fonds norvégien a investi 5,2 milliards d'euros dans près de 170 entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables, l'eau ou la gestion des déchets. Ces participations lui ont rapporté un bénéfice net de 41 % en 2013. De quoi offrir un modèle alternatif au peuple norvégien dont le fonds fait prospérer les richesses en s'efforçant depuis sa création de respecter des valeurs définies à travers des débats politiques intenses. En Norvège, 10 % des automobilistes roulent en voitures électriques.