Publié le 09 juillet 2017
ÉNERGIE
[LE CHIFFRE] La première mine de charbon ouverte aux États-Unis sous l’ère Trump a créé… 70 emplois
C’est tout un symbole pour le président Donald Trump. Depuis son élection, une première mine de charbon vient d’ouvrir en Pennsylvanie. Elle devait servir de modèle au "renouveau" du charbon outre-Atlantique. Mais dans les faits, elle n’a permis de créer que 70 emplois.

Dominick Reuter / AFP
"Nous avons remporté la bataille sur le charbon et nous remettons nos mineurs au travail", a déclaré Donald Trump à l’occasion de l’ouverture d’une nouvelle mine de charbon en Pennsylvanie, début juin. Cela faisait six ans qu’aucune mine de charbon n’avait vu le jour outre-Atlantique. C’était tout un symbole pour le président ouvertement pro-charbon et climatosceptique.
Pourtant, la mine tant vantée n’aura permis de créer que… 70 emplois directs. Elle était par ailleurs déjà dans les cartons avant l’élection de Donald Trump. De plus, le charbon qui en sera extrait ne servira pas à la production d’électricité mais sera, pour une grande majorité, exporté en Inde, en Corée, en Argentine, en Europe et au Moyen-Orient pour la fabrication d’acier.
Tout au long de sa campagne, le Républicain a promis qu’il créerait des milliers d’emplois en abrogeant une série de normes environnementales prises sous la présidence Obama. C’était aussi l’un des arguments qu’il a employés pour sortir de l’Accord de Paris.
Le charbon en déclin
Pourtant, malgré ce que semble croire le Président Trump, l’ère du charbon est bel et bien derrière nous. D’abord parce que le secteur fait face à une concurrence accrue du gaz et des énergies renouvelables. Ensuite parce que le monde est engagé dans la transition vers un système bas-carbone. L’Accord de Paris fixe un objectif de réchauffement global de 2°C maximum d’ici la fin du siècle. Or pour y arriver, plus aucune centrale à charbon ne doit être approuvée et les existantes doivent peu à peu fermer.
"Si Trump ramène le charbon, il ne ramènera pas les emplois", assure Jay Apt, professeur de politique énergétique à l'Université Carnegie Mellon en Pennsylvanie. Depuis 2012, la consommation de charbon américaine a baissé de 18 %. Et malgré une - petite - hausse des effectifs dans le secteur depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche (1 000 emplois ont été créés), le secteur compte aujourd'hui 50 000 postes, en baisse de 43 % par rapport à 2012.
Selon les dernières prévisions de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), en 2040, près des trois quarts des investissements dans l’énergie concerneront les énergies renouvelables. À cet horizon, l’agence prévoit que les coûts de l'énergie solaire auront baissé de 66 %, et ceux de l’éolien de 47 %, par rapport à 2016. A l’inverse, le charbon s'effondre y compris aux États-Unis avec une réduction de 51 % de la production d'ici 2040. A l'échelle mondiale, BNEF s’attend ainsi à ce que 369 gigawatts de projets de centrales à charbon soient annulés.
Concepcion Alvarez @conce1