Publié le 03 mai 2018
ÉNERGIE
La ville de Paris appelle les assureurs avec lesquels elle travaille à exclure le charbon
Nouvel engagement en faveur du climat de la ville de Paris. Le conseil de la capitale a adopté mercredi 2 mai un vœu appelant tous les assureurs et réassureurs avec lesquels elle travaille, mais aussi plus largement à l’international, à désinvestir et ne plus assurer le secteur charbon.
La ville de Paris poursuit la chasse aux énergies les plus polluantes. Après avoir annoncé son intention de désinvestir des fossiles et étudier la possibilité d’assigner en justice les principales entreprises de l’industrie pétrolière pour leur responsabilité dans le changement climatique, le conseil de Paris a adopté mercredi 2 mai un vœu (1) qui appelle les assureurs et réassureurs du monde entier à exclure le charbon.
Porté par les élus écologistes, le texte invite les assureurs et réassureurs "à s'engager contre la pollution de l'air et à retirer leurs soutiens aux projets et entreprises du secteur du charbon, notamment dans l'Union européenne et plus particulièrement en Pologne". La capitale s’engage également à inciter les assureurs et réassureurs avec lesquels elle a contracté à ne pas investir dans les entreprises du charbon, et à favoriser les renouvelables. Le vœu prévoyait que la Ville revoit ses contrats en cas de manquement, mais cette mesure a été retirée par un amendement de l’exécutif.
“Le rôle des assureurs est encore sous-estimé alors qu’il est déterminant dans la prévention des risques de demain. Il est contradictoire d’alerter sur le coût du dérèglement climatique d'un côté et de l'autre en financer l’accélération. Sans leurs investissements et assurances, aucun projet fossile ne pourrait voir le jour”, explique Jérôme Gleizes, conseiller de Paris.
Rappel à l’ordre
Ce vœu a été voté alors que se tiendra fin mai la réunion de l’Association de Genève qui rassemblera les assureurs et réassureurs du monde entier. “L’industrie du charbon contribue non seulement à l’accélération du changement climatique mais aussi à une pollution de l’air qui coûte chère à la santé des populations et à nos finances publiques. La soutenir est irresponsable”, ajoute David Belliard, président du groupe écologiste de Paris.
Les Amis de la Terre applaudissent également cette décision et enjoignent Axa et Scor à s'y plier. Car s’ils ont pris des mesures contre le charbon, ils continuent de financer le secteur en Pologne. "Alors que la COP24 se tiendra cette année en Pologne, le voeu adopté par Paris sonne comme un rappel à l'ordre pour les assureurs qui se sont engagés à tout faire pour que les objectifs de l'Accord de Paris soient tenus mais continuent de soutenir le charbon au coeur même de l'Union européenne. Cela vaut pour Axa et Scor qui soulèvent des problèmes réglementaires ou techniques pour justifier le maintien de leurs soutiens au charbon en Pologne" explique l’ONG.
Pour tenir les engagements de l’Accord de Paris, il faudrait fermer toutes les centrales à charbon d’ici 2030 dans les pays de l’OCDE. Or, dans le même temps une croissance de 15 gigawatts en Europe, dont neuf en Pologne, est prévue avec l’ouverture de nouvelles mines et de centrales à charbon et de lignite.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le voeu.