Publié le 06 mars 2019

ÉNERGIE

L’Australie peine à trouver sa voie entre charbon et lutte contre le changement climatique

L’Australie est régulièrement frappée par des sécheresses extrêmes, des pics de chaleurs, des feux de forêts, des inondations… Malgré cette matérialisation concrète du changement climatique, le pays refuse de se débarrasser du charbon, véritable manne financière qui lui vaut le titre de premier exportateur mondial. Face à cet immobilisme, la société civile, des juges et des entreprises prennent les devants.

L'Australie vient d'autoriser le rejet d'un million de tonnes de boues industrielles près de la Grande barrière de corail.
@CC0

À l’approche des élections fédérales, les catastrophes naturelles qui ont frappé l’Australie ces derniers mois ont placé la question du changement climatique au cœur de l’opinion. On peut d’abord noter ce rejet historique par un tribunal local d’un projet de mine de charbon à ciel ouvert pour des raisons écologiques. Et aussi les quatre principales banques du pays qui refusent de financer une nouvelle mine près de la Grande barrière de corail.

Plus récemment, le géant minier Glencore, producteur de charbon en Australie, a annoncé sa volonté de plafonner sa production, sous la pression d'actionnaires soucieux de respecter l'Accord de Paris. Puis la Chine en a rajouté une couche il y a quelques jours en confirmant qu’elle allait restreindre l'entrée du charbon australien sur son territoire pour protéger l’environnement.

Tout autant de mauvaises nouvelles pour un pays qui a fait du charbon une source de revenus et d’emplois considérable, avec plus de 40 milliards de dollars américains de recettes d'exportations par an et 55 000 personnes travaillant dans le secteur. Entre économie et écologie, l’Australie vacille et ne semble pas encore prête à transformer son modèle économique du tout au tout.

Indemniser ceux qui réduisent leur empreinte carbone

La semaine dernière, le premier ministre Scott Morrison, connu pour ses positions pro-charbon, a annoncé un plan climat de 3,5 milliards de dollars américains (1,3 milliard d’euros) destiné selon lui "à atteindre les objectifs fixés lors de la COP21". Celui-ci va notamment servir à indemniser les agriculteurs et industriels qui s’engageraient dans une stratégie de réduction de leur empreinte carbone, "sans détruire l’économie", précise le chef du gouvernement.

L’exécutif australien ne renonce pas pour autant à soutenir la construction de centrales à charbon. De quoi provoquer la colère des associations environnementales qui ont manifesté à Melbourne lors de la présentation du plan. Il faut dire que depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition libérale-nationale en 2013, et la suppression de la taxe carbone, les émissions de gaz à effet de serre de l’Australie sont reparties à la hausse.

Un million de tonnes de boues versé près de la Grande barrière

"Les Australiens cherchent un leadership pour accélérer la transition énergétique", explique David Ritter, directeur de Greenpeace Australia Pacific. Le charbon est un facteur important du réchauffement de la planète et le réchauffement de la planète est désormais le principal problème des électeurs. Tout parti politique qui veut nous conduire vers un futur durable doit avoir un plan crédible pour s'attaquer à ce problème."

Dernière incohérence en date, l'Autorité du Parc marin de la Grande barrière de corail a validé le rejet d'un million de tonnes de boue de dragage de l'un des plus grands terminaux de charbon au monde, à proximité du récif, à la faveur d’un vide juridique. C'est juste "un autre clou dans le cercueil" de la Grande barrière qui subit déjà le stress associé au changement climatique, a réagi pour la BBC le Dr Simon Boxall du Centre océanographique de Southampton. 

Concepcion Alvarez, @conce1   


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