Publié le 11 mai 2017
ÉNERGIE
Des actionnaires activistes appellent BHP Billiton à sortir du schiste et à investir dans les batteries
Deux fonds viennent d’appeler le géant minier BHP Billiton à désinvestir des hydrocarbures aux États-Unis. Si leurs motivations sont plus financières qu'environnementales, elles n’en sont pas moins un signal fort.

@BHP Billiton
Le fond australien Tribeca Global Natural Resources, l’un des plus performants au niveau mondial en 2016, a décidé de s’attaquer à un mastodonte : BHP Billiton. Actionnaire de l’entreprise (sans préciser à quelle hauteur), le fonds a adressé une lettre de huit pages à ses clients, intitulée "Making BHP Great Again" ("rendre BHP grand à nouveau"). Une référence au slogan du candidat Donald Trump "Make America Great Again".
Ces actionnaires activistes souhaitent que la direction désinvestisse des pétrole et gaz de schiste américains. "Nous ne soutenons pas l'investissement continu dans les actifs onshores américains, ils ne devraient pas fournir de flux de trésorerie disponible significatifs. Et nous ne parvenons pas à identifier quelle compétence particulière possède BHP qui le différencie de ses pairs. Il s’agit pour nous d’un actif secondaire qui s'inscrit dans un marché irrationnel", écrivent-ils.
Des fonds gaspillés
Selon le Tribeca, 10 milliards de dollars pourrait être tirés de la vente de ces activités aux États-Unis. Une somme qui pourrait profiter aux actionnaires sous forme de dividendes exceptionnels. Une demande appuyée par le fait que, selon le fonds, 30 milliards de dollars de capitaux ont été "gaspillés" ces dernières années.
"Le PDG (Jac Nasser) se retire prochainement. Cela offre une occasion unique de repenser toute la culture (de l’entreprise) pour améliorer le rendement des capitaux et la croissance", ajoutent ces actionnaires qui appellent à des changements plus larges dans toute la direction afin "de remettre BHP sur le chemin du succès".
Elliott Management Corp, favorable au désinvestissement
Pour cela, Tribeca Global Natural Ressources a une proposition. Le géant de la mine devrait, selon le fonds, réfléchir à des acquisitions dans le lithium, le graphite et le cobalt. Car ce sont des matériaux utilisés dans les batteries pour les terminaux numériques et les véhicules électriques. Des marchés jugés plus porteurs que le schiste américain. Des propositions auxquelles le géant minier n’a pas encore répondu.
C’est la deuxième fois en quelques semaines que des actionnaires exigent que la multinationale diminue son exposition aux hydrocarbures. En avril, le grand fond Elliott Management Corp (31 milliards de dollars) et qui détient 4,1 % de BHP Billiton, a appelé le groupe à céder l’intégralité de ses actifs pétroliers américains, ce qui permettrait d’accroître la valorisation de l’entreprise. BHP s’y était cette fois-ci fermement opposée.