Publié le 18 décembre 2017
ÉNERGIE
Charbon : le groupe indien Adani désormais seul pour développer son projet minier géant près de la grande barrière de Corail
Après avoir officiellement lancé la mine Carmichael, située près de la Grande Barrière de corail en Australie en juin 2017, le géant Indien Adani doit revoir son montage économique. Ce projet charbonnier, qui doit devenir l’un des plus gros sites de production au monde, est si controversé que tous les investisseurs ont déserté. Jusqu’à l’État du Queensland, jusqu’alors soutien indéfectible. En cause l’impact environnemental du projet qui l’a rendu inacceptable aux yeux de la population et à son non-sens économique.

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Le conglomérat indien Adani va finalement développer seul son très controversé projet de mine de charbon géante près de la Grande barrière de corail australienne, après avoir été contraint de rompre le contrat d'un de ses principaux sous-traitants.
La semaine dernière, le gouvernement de l'État australien du Queensland a mis son veto à un prêt d'un milliard de dollars australiens de la Northern Australia Infrastructure Facility (NAIF). Celui-ci devait contribuer au financement du chantier de la voie ferrée de 189 kilomètres entre la mine et le port.
Une décision qui a conduit Adani à annoncer, lundi 18 décembre, qu’il annulait le contrat à deux milliards de dollars australiens avec Downer, le groupe de services miniers qui avait été retenu en juin pour construire et opérer la mine. Le but : maîtriser les coûts. "A la suite du veto de la NAIF la semaine dernière, (...) Adani a décidé de développer et d'opérer la mine sur le modèle du propriétaire-opérateur", a ainsi annoncé le groupe indien, précisant qu’un accord avait été passé avec Downer.
Un projet géant dénoncé pour son impact environnemental
Le projet Carmichael, qui pèse 21,7 milliards de dollars australiens (14,1 milliards d'euros) est depuis son origine plombé par les problèmes judiciaires et réglementaires ainsi que par l'activisme d'organisations dénonçant son impact environnemental. Il accuse déjà un retard de sept ans.
Les écologistes font valoir que le charbon produit - 60 millions de tonnes de charbon thermique par an à destination de l'Inde - contribuera au réchauffement climatique global qui dégrade la Grande barrière. La matière première devra en outre transiter par un port proche du plus grand récif corallien au monde, accusent-ils.
Les associations environnementales dénoncent aussi la spoliation des tribus aborigène, la déforestation, l’épuisement des ressources en eau et la déstabilisation de l’économie de la région basée sur l’agriculture.
Adani lâché par les investisseurs et les pouvoirs locaux
De nombreuses grandes banques – dont les françaises BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole- ont également refusé de s'associer au projet, du fait d'une volonté grandissante de sortir des énergies fossiles et notamment du charbon, une énergie qui, en plus d’être fortement controversée, est aussi de moins en moins rentable .
Les autorités locales elles-mêmes ont changé d’attitudes face au projet. La chef du gouvernement du Queensland, Annastacia Palaszczuk, qui avait longtemps appuyé la demande de prêt d'Adani, a opéré un revirement radical lors de sa campagne pour les élections locales en novembre, après avoir réalisé que ce soutien risquait de plomber ses espoirs de garder son poste.
La Grande barrière de corail, déjà menacée par les ruissellements agricoles et la prolifération d'étoiles de mer dévoreuses de coraux, vient de subir deux graves épisodes consécutifs de blanchissement imputés au réchauffement climatique.
La rédaction avec AFP