Publié le 22 avril 2020
ÉNERGIE
Après BP, le pétrolier Shell s’engage à atteindre la neutralité carbone en 2050
Après BP, c'est au tour de Shell. Le géant pétrolier vient d'annoncer vouloir atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Si sa stratégie n'a pas encore été dévoilée, son ambition s'inscrit "sur le long terme", souligne le DG du groupe. Une annonce qui a reçu un accueil mitigé, notamment des ONG qui dénonce le flou autour des moyens pour parvenir à cette ambition.

Shell
En pleine crise pétrolière, Shell relève ses objectifs de réduction des émissions de CO2. Le 16 avril, dans un communiqué, l'entreprise a annoncé son intention d’atteindre la neutralité carbone en 2050. "Avec la pandémie de Covid-19 qui a de graves répercussions sur la santé des personnes et sur nos économies, nous vivons une période extraordinaire. Pourtant, même en cette période de défis immédiats, nous devons également rester concentrés sur le long terme", a fait valoir Ben van Beurden, le DG de Royal Dutch Shell.
Le groupe n’a pas encore dévoilé sa stratégie pour atteindre la neutralité carbone qui doit concerner l’ensemble de ses activités dont la production de pétrole et de gaz. Shell veut en outre réduire de 65 % l’intensité carbone (la quantité de gaz à effet de serre émise par unité d’énergie produit), d’ici 2050 des produits vendus à ses clients, contre un objectif précédent de 50%.
S'adapter aux attentes de la société
Il s’engage pour l’instant à vendre davantage de produits à faible intensité carbone notamment dans le renouvelable, les biocarburants ou l’hydrogène. Le pétrolier avait déjà indiqué récemment vouloir investir 2 à 3 milliards de dollars par an, soit environ 10 % du total de ses investissements, pour la période 2021-2025 dans les énergies propres ou à faible empreinte carbone. Le groupe a souligné vouloir mettre l’accent sur les mécanismes permettant de capturer le CO2 émis. "Les attentes de la société ont rapidement évolué dans le débat sur le changement climatique. Shell doit maintenant aller plus loin dans ses propres ambitions (…)", a déclaré Ben van Beurden.
Le groupe d’investisseurs Climate Action 100+, qui poussent les entreprises à changer de business model pour répondre à la crise climatique, a salué cette initiative. "Les investisseurs vont maintenant se tourner vers d’autres entreprises de secteur de l’énergie afin qu’elles s’alignent sur l’ambition dont fait preuve Shell", a expliqué Stéphanie Pfeifer, membre de Climate 100 +.
Une ambition "pas alignée sur l'Accord de Paris"
Du côté des ONG, la réaction est beaucoup plus mitigée. "Un plan crédible de Shell commencerait par un engagement visant à arrêter les nouveaux forages de pétrole et de gaz", a dénoncé Richarg George, un responsable de Greenpeance pour le Royaume-Uni. "Au lieu de cela, les investisseurs sont trompés avec de vagues aspirations qui ne s'attaquent pas à l'empreinte carbone monstrueuse de Shell et qui ne font pas porter la responsabilité de la compensation de leurs émissions aux clients de Shell", a-t-il ajouté.
Quant à l’ONG Follow This, elle reconnaît que Shell fait un nouveau pas dans la bonne direction mais "cette nouvelle ambition n’est pas encore alignée sur l’Accord de Paris. Cela ne conduira pas à un changement radical des dépenses de Shell des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables".
Cette nouvelle annonce de Shell intervient deux mois seulement après que BP, la troisième major pétrolière au monde a annoncé la neutralité carbone pour 2050. Pour y parvenir, le patron fraîchement nommé, Bernard Looney, a assuré que la production pétrolière et gazière allait devoir baisser.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP