Publié le 03 août 2019
ÉNERGIE
[Science] Le nuage radioactif qui a survolé la France en 2017 venait bien de Russie
Fin septembre 2017, un nuage radioactif a survolé une large partie de l’Europe. Les autorités nucléaires françaises ont alors soupçonné un accident dans un centre de traitement de déchets en Russie, ce que Moscou a démenti. Deux ans plus tard, une étude internationale confirme l’implication du centre de Maïak au sud de l’Oural.

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Cette fois-ci, le nuage radioactif ne s’est pas arrêté aux frontières nationales. Les capteurs de radioactivité sur le territoire ont sonné l’alerte plusieurs jours fin septembre 2017. Des mesures positives de ruthénium 106 ont, en réalité, été relevées dans 1 300 stations de mesures dans toute l’Europe, en particulier en Roumanie, en Allemagne, en Suisse, en Autriche et en Italie. Sans danger en raison de la brièveté de l’événement, mais les taux de radioactivité étaient 100 fois plus élevés sur le Vieux Continent que ceux mesurés après l’accident de Fukushima en 2011.
Dès le début, un accident russe a été évoqué, immédiatement démenti par Moscou. Deux ans plus tard, une large étude menée par 70 scientifiques, dont ceux de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) associé aux universités de Vienne et d’Hanovre, confirme l'hypothèse. Leurs travaux, publiés dans la revue scientifique PNAS, sont formels : la source de l’émission provient bien du sud de l’Oural. Plus précisément, c’est le centre de retraitement de déchets radioactifs de Maïak qui est visé.
Deuxième accident à Maïak
En utilisant un millier de mesures issues de 176 sites, les scientifiques ont pu retrouver le trajet du nuage. Ils sont également parvenus à identifier la cause exacte de l’incendie. Ils évoquent un accident lié à la production de cérium 144, destiné à un usage scientifique et commandé par un laboratoire italien. Le ruthénium 106, dont la durée de demi-vie est d’environ 374 jours, est désormais indétectable.
Il est à noter que le site de Maïak avait déjà été à l'origine d’un accident nucléaire beaucoup plus grave en 1957. Plus connu sous le nom de catastrophe de Kychtym, il s’agit du troisième accident le plus grave de l’histoire après Tchernobyl en Ukraine et Fukushima au Japon. Un réservoir de 70 à 80 tonnes de déchets nucléaires liquides avait explosé contaminant près de 1 000 km². Les autorités russes en garderont le secret une vingtaine d’années même si la CIA aura des soupçons dès les années 60.
Ludovic Dupin @LudovicDupin