Publié le 27 novembre 2018
ÉNERGIE
Programmation pluriannuelle de l’énergie : Emmanuel Macron annonce la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d'ici 2035
Emmanuel Macron a levé une partie du voile sur la tant attendue programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). C’est en particulier le nucléaire qui a vu son sort tranché. Le Président de la République acte que la baisse de la part du nucléaire à 50 % du mix électrique est prévue pour 2035. Cela doit passer par la fermeture de 14 des 58 réacteurs français.

@DR
Mardi 27 novembre, Emmanuel Macron a tracé la feuille de route générale de la France en matière d’énergie sur les 20 ans à venir. Il réaffirme l’objectif de 50 % de nucléaire dans le mix électrique. Pour cela, il a annoncé la fermeture de 14 des 58 réacteurs nucléaires du territoire d’ici 2035. Cela comprend la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut Rhin) prévue pour 2020.
Il a ensuite donné un calendrier de ces fermetures. Il annonce la mise à l’arrêt de 12 réacteurs de 2025 à 2035 dont "quatre à six entre 2025 et 2030". Il ne donne pas les noms des réacteurs mais, en marge du discours présidentiel, des collaborateurs expliquent que la priorité sera donnée aux sites comprenant au moins quatre réacteurs comme Bugey ou Gravelines et/ou aux réacteurs les plus anciens, à savoir Tricastin (Drôme et Vaucluse), Bugey (Ain), Gravelines (Nord), Dampierre (Loiret), etc.
C'est EDF qui devra fixer la liste précise, mais il n'y aura "aucune fermeture complète des sites", a assuré Emmanuel Macron. Ainsi en 2035, la France devrait compter au minimum 45 réacteurs nucléaires, en comptant la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche). Mais peut-être plus car la construction de nouveau réacteur n’est pas exclue.
De nouveaux réacteurs en perspective
"Nous ne prenons aucune décision sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, car nous n’avons pas de besoin et pas de retour sur l’EPR de Flamanville", explique-t-il. Mais il ajoute quand même : "Je demande à EDF de travailler à l'élaboration d'un programme de nouveau nucléaire en prenant des engagements fermes sur le prix, pour qu'ils soient plus compétitifs. Tout doit être prêt en 2021 pour que le choix qui sera proposé aux Français puisse être un choix transparent et éclairé".
Enfin, il a clairement pris position en faveur de l’énergie de l’atome. "Réduire le nucléaire, ce n’est pas renoncer au nucléaire. Le nucléaire reste une piste prometteuse pour avoir une énergie fiable et à bas coût", assure-t-il. "Cessons de dire qu’il faut fermer des réacteurs pour que les énergies renouvelables trouvent leur place. Ce n’est pas vrai".
Hausse de la production d'origine renouvelable
Le Président a d'ailleurs annoncé en parallèle le triplement de la production éolienne terrestre, le quintuplement de la production photovoltaïque et la mise en service du premier parc éolien en mer. Il réaffirme également la fermeture des quatre centrales à charbon du territoire 2022 et argue qu’une baisse précipitée de l’atome pourrait complexifier cet objectif prioritaire.
Ces annonces ne sont pas du goût de tout le monde. "La France persiste à présenter l'énergie nucléaire comme une alternative aux énergies fossiles alors qu'elle n'est ni propre, ni peu coûteuse, et ne garantit en aucun cas notre indépendance énergétique", écrit Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. C'est un "discours bien décevant sur le mix énergétique et qui sonne Vieux monde avec les arguments éculés sur les bienfaits du nucléaire", ajoute Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin