Publié le 23 novembre 2017
ÉNERGIE
Nucléaire : Barbara Pompili veut un échéancier pour la fermeture des centrales, Édouard Philippe refuse tout fétichisme de dates
Alors que le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot a annoncé un report de l’objectif de 50 % de nucléaire en France, Barbara Pompili, présidente de la commission du Développement durable de l'Assemblée, a annoncé la création d’une mission pour programmer la fermeture des centrales. De son côté, le Premier ministre, qu’Édouard Philippe réaffirme un horizon entre 2030 et 2035.

J. Demarthon AFP
Barbara Pompili, présidente de la commission du Développement durable de l'Assemblée et ex-secrétaire d'État à la Biodiversité, a annoncé mercredi 22 novembre le lancement, d'ici la fin de l'année, d'une mission d'information sur la sûreté nucléaire pour nourrir la réflexion sur la fermeture de centrales.
"On va lancer une mission d'information sur la sûreté nucléaire, et éventuellement aussi sur la dimension financière, pour pouvoir apporter notre pierre à la réflexion. Cela concerne les territoires, les emplois, je ne veux pas faire ça n'importe comment mais je veux que fin 2018 on ait une idée claire", a déclaré cette élue LREM (issue des rangs écologistes) devant l'Association des journalistes parlementaires (AJP).
En annonçant récemment le report, après 2025, de la réduction de la part du nucléaire à 50 % de la production électrique, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a assuré que "dans un an, nous aurons un scénario totalement planifié" et "nous serons capables de savoir combien de réacteurs, à quelle échéance et sur quels critères nous allons parvenir à cet objectif".
Une vraie programmation
Sur cette "question essentielle de transition énergétique et écologique et alors que les enjeux sont graves, il faut agir avec méthode, intelligence, en associant les acteurs mais en arrêtant de passer son temps à reculer. L'annonce de Nicolas Hulot, paradoxalement, va nous entraîner dans une action exigeante", a plaidé Barbara Pompili.
Pour celle qui fut secrétaire d'Etat sous le quinquennat Hollande, "la programmation pluriannuelle de l'énergie doit concentrer nos efforts", et elle se considérera elle-même "en échec si cette programmation n'est pas digne de ce nom".
"L'échéancier est demandé aussi par le monde économique et les territoires, qui veulent savoir où on va pour se préparer", a ajouté cette députée de la Somme. Interrogée sur les centrales nucléaires qu'il faudrait fermer en priorité, la présidente de la commission du Développement durable a rappelé que "Fessenheim, c'est dans les tuyaux", et évoqué plusieurs critères pour les autres cas.
2030-2035, un horizon sain
"S'il y a vraiment des réacteurs trop anciens ou qui posent un certain nombre de problèmes pour les sécuriser, mais aussi des réacteurs posant des problèmes un peu diplomatiques avec nos voisins comme l'Allemagne ou la Suisse, c'est par exemple dans ceux-là qu'il faudra regarder", selon elle.
De son côté, le Premier ministre Édouard Philippe, invité de l'émission "En direct de Médiapart", a affirmé ne pas être un "fétichiste de la date" pour diminuer à 50% la part du nucléaire dans l'électricité française, en qualifiant d'"horizon sain" la nouvelle fourchette de 2030-2035 fixée par l'exécutif.
L'objectif des 50 % "sera atteint à un rythme qui sera crédible, pour garantir la sûreté et la sécurité de la production d'énergie, l'accessibilité à cette énergie et à un coût supportable pour les Français de la transition" énergétique, a déclaré le Premier ministre
"Il y a quand même toute une série de territoires où le tissu humain, social, industriel, s'est organisé autour de ça (le nucléaire). On peut le regretter ou s'en féliciter, mais c'est comme ça", a souligné le Premier ministre.
Ludovic Dupin avec AFP