Publié le 22 mai 2017
ÉNERGIE
La Suisse ne construira plus de réacteurs nucléaires
Lors d’un référendum sur la loi Énergie le 21 mai 2017, les Suisses ont acté qu’il n’y aura plus de nouvelles constructions nucléaires dans le pays. En revanche, les cinq réacteurs en service pourront continuer de fonctionner tant que leur sûreté sera garantie. Par ailleurs, le texte adopté prévoit un soutien massif aux renouvelables et une baisse de la consommation d'énergie.

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Depuis 2011 et l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, la Suisse avait du mal à se décider sur l'avenir de son parc nucléaire. Le référendum du dimanche 21 mai a fini par trancher la question. 58,2 % des Suisses se sont exprimés en faveur de la nouvelle loi fédérale sur l’énergie. Elle prévoit la fermeture progressive des réacteurs nucléaires, la montée en puissance des énergies renouvelables et la réduction de la consommation énergétique. Le parti vert parle d’une révolution qui fait "entrer la Suisse dans le 21e siècle". Le parti conservateur UDC craint une hausse de la facture énergétique des ménages.
Le virage énergétique voulu par Berne est en réalité tout en douceur. La priorité est d’abord la diminution de la consommation d’électricité. Un sujet important alors que le pays importe la majorité de ses électrons et toute son énergie fossile. La loi prévoit d’abaisser la consommation d’électricité de 16 % en 2020 par rapport à 2000 et de 43 % en 2035. Il s’agit également de promouvoir des bâtiments et des modes de transports moins énergivores et moins polluants.
Financer les renouvelables
La seconde partie du programme vise à modifier le mix électrique du pays. Celui-ci compte aujourd’hui 60 % d’hydroélectricité, 33,5 % de nucléaire, 4% de thermique (gaz et charbon) et 2,5 % d’énergies vertes (éolien, photovoltaïque, biomasse). D’une part, le texte approuvé par les Suisses va permettre le déploiement d'un programme de financement supplémentaire annuel de 480 millions de francs (440 millions d’euros) en faveur des énergies renouvelables.
D’autre part, le pays ne construira plus de nouveaux réacteurs nucléaires. La Suisse compte aujourd’hui cinq tranches : deux à Beznau (parmi les plus vielles au monde), une à Mühleberg, une à Gösgen et une autre à Leibstadt. La loi indique que ces tranches, mises en service entre 1969 et 1984, pourront continuer à fonctionner tant que leur sûreté sera garantie. Fin 2016, la population avait rejeté une votation qui proposait une mise à l’arrêt de ces outils de production après 45 années. Aujourd'hui, une durée de vie de 60 ans est évoquée dans le pays.
Troisième pays en Europe à abandonner le nucléaire
Depuis la catastrophe au Japon, la Suisse est le troisième pays en Europe à se placer sur une trajectoire de sortie du nucléaire... Même s’il faudra encore quelques décennies avant d'assister à la fission du dernier atome helvète. L’Allemagne a déjà mis à l’arrêt la moitié de son parc et fermera l’ensemble de ses réacteurs en 2022. L’Italie qui avait arrêté son programme nucléaire après l'accident de Tchernobyl en 1986 était en train de relancer des projets en 2011. Tous ont été abandonnés.
La France, qui a le mix énergétique le plus nucléarisé au monde, a, de son côté, décidé de réduire la part de l'atome. Selon la loi de transition énergétique, cette énergie doit passer de 75 à 50 % de la production en 2025. Le nouveau Président de la République, Emmanuel Macron, a assuré qu’il respectera cet engagement. Paris n’a pas mis fin à ses projets pour autant puisqu’un nouveau réacteur, l’EPR de Flamanville (Manche), doit démarrer fin 2018.
Ludovic Dupin, @ludovicdupin