Publié le 07 juin 2018

ÉNERGIE

Le premier réacteur nucléaire EPR au monde a démarré en Chine

Alors que les chantiers des EPR font face à de lourds retards en Finlande et en France, la Chine vient de mettre en service la première unité de ce réacteur français de troisième génération. Un bol d’air pour cette technologie qui s’est révélée trop difficile à construire et dont EDF espère simplifier la construction pour la vendre à d'autres pays.

EDF participe à la construction de deux EPR à Taishan en Chine.
@EDF

Le premier réacteur nucléaire EPR, conçu par la filière française, a démarré mercredi 6 juin à Taishan en Chine. Il s’agit d’une première mondiale pour cette technologie qui a connu de nombreux déboires. "L'EPR de Taishan vient d'avoir sa première réaction en chaîne et donc de démarrer", a tweeté Xavier Ursat, directeur Ingénierie et Projets nouveau nucléaire chez EDF.

"C'est une excellente nouvelle pour l'ensemble de la filière nucléaire", a-t-il ajouté. Cette étape très symbolique était attendue puisque le chargement du combustible avait débuté en avril, l'autorité de sûreté chinoise ayant donné son autorisation.

Une deuxième mise en service e 2019

Ce réacteur nommé Taishan 1 doit désormais monter en puissance très progressivement et subir des tests avant d'être raccordé au réseau électrique.  Cette mise en service commercial prendra sans doute encore plusieurs semaines. À Taishan, un autre EPR doit aussi être mis en service courant 2019.

EDF est actionnaire à hauteur de 30 % de la coentreprise chargée de construire et d'exploiter les deux réacteurs dans la province chinoise du Guangdong. Les groupes chinois CGN et Guangdong Yudean sont actionnaires respectivement à hauteur de 51 % et de 19 %. La date de démarrage de ces deux réacteurs a été repoussée à plusieurs reprises mais l'exemplaire chinois est finalement le premier à démarrer dans le monde.

Conçu pour fonctionner pendant 60 ans, l'EPR se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde. Il offre une puissance très élevée de 1 600 mégawatts et bénéficie d'une multiplication des systèmes de sauvegarde censés le rendre plus sûr en prenant en compte les retours d'expérience des accidents de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011.

10 ans de retard en Finlande

Plusieurs EPR sont aussi en construction, en France, à Flamanville (Manche), en Finlande et au Royaume-Uni. Mais les chantiers ont connu d'importants problèmes, avec une litanie de retards et de surcoûts. Le tout premier chantier avait été lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, pour le compte de l'électricien TVO, avec Areva et Siemens directement maîtres d'œuvre. Mais la mise en service est désormais prévue en mai 2019, avec dix ans de retard.

Le deuxième est celui de Flamanville, pour lequel EDF vient encore d'annoncer fin mai envisager "quelques mois" de retard supplémentaire. Le chargement du combustible et son démarrage sont officiellement prévus à la fin de l'année, pour une mise en service commercial en 2019, soit déjà sept ans de retard. Le coût du projet a aussi triplé pour atteindre 10,5 milliards d'euros. Mais le calendrier et la facture pourraient encore souffrir de défauts de soudures sur des tuyauteries révélés en avril.

L'EPR a aussi été retenu pour un projet de deux réacteurs à Hinkley Point en Angleterre, avec la mise en service d'un premier exemplaire en 2025 au mieux. Mais là encore EDF craint des retards et des surcoûts. Dans ce contexte difficile, le démarrage de Taishan apparaît comme une bonne nouvelle très attendue pour le fleuron tricolore, qu'EDF espère exporter auprès de nouveaux clients.

Nicolas Hulot opposé à un nouveau chantier en France

L'Inde envisage notamment de construire six réacteurs de cette technologie et le groupe français espère aussi pouvoir vendre des EPR à l'Arabie Saoudite. La Chine pourrait aussi être tentée par de nouvelles tranches d'EPR mais la concurrence est rude pour cet énorme marché. Des réacteurs l'AP1000 de l'américain Westinghouse y sont aussi en chantier et surtout la Chine construit son propre réacteur de troisième génération, Hualong-1.

EDF, qui travaille à une version moins chère de l'EPR, espère enfin pouvoir en construire de nouveaux exemplaires en France. "Ce n'est ni la priorité, ni dans les tuyaux", avait cependant déclaré en début d'année le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, alors que le pays veut réduire sa dépendance à l'atome.

La Rédaction avec AFP


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ÉNERGIE

Energie nucléaire

L’énergie nucléaire fait l’objet de nouveaux débats. Quelle place lui donner dans une perspective de transition énergétique ? A quel coût et avec quels moyens assurer les conditions de sûreté nécessaire? Comment prévenir les risques qui y sont associés ? Les accidents nucléaires de Tchernobyl et Fukushima ont–ils changé la donne ?

Usine de somair uranium Niger Orano ex Areva Maurice Ascani Orano

Coup d'État au Niger : le groupe minier français Orano poursuit ses activités sur place

Au Niger, la tension est encore montée d'un cran après le coup d'État militaire du 26 juillet. Sur place, le groupe français Orano (ex-Areva), spécialiste du nucléaire, exploite encore une mine d'uranium et compte quelque 900 salariés. Pour l'instant, le Français assure poursuivre ses activités,...

Centrale nucleaire Isar Basse baviere allemagne CC0

Non, la sortie du nucléaire en Allemagne n’est pas associée à la relance du charbon

L'Allemagne est définitivement sortie du nucléaire. Elle a fermé ses trois derniers réacteurs samedi 15 avril, entraînant une multitude de critiques, notamment sur la relance du charbon. Novethic vous propose de démêler le vrai du faux.

Hydrogene carburant audioundwerbung

Le nucléaire pourrait intégrer la nouvelle directive européenne sur les énergies renouvelables

La France se bat pour introduire l'hydrogène bas-carbone, produit à partir de nucléaire, dans la directive européenne révisée sur les énergies renouvelables. Mais plusieurs pays, dont l'Allemagne et l'Espagne bloquent. La Commission européenne vient de reconnaître que le mix décarboné d'un pays...

Centrale nucléaire Bugey PHILIPPE DESMAZES AFP

La prolongation des centrales nucléaires à l'épreuve du risque climatique

La prolongation des centrales nucléaires au-delà de 60 ans, espérée par EDF et par le gouvernement, passera-t-elle le test climatique ? L'Autorité de sûreté nucléaire exige que les impacts à long terme du changement climatique soient désormais inclus dans les documents que doit lui fournir...