Publié le 29 janvier 2018

ÉNERGIE

Le gendarme de l’atome juge que le nucléaire se porte mieux en France

Après plusieurs années d’incertitudes liées à la réorganisation de la filière nucléaire en France et à des anomalies génériques sur le parc de centrales, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) estime que la situation s’est améliorée. Elle se réjouit, en particulier, du renflouement d’Areva. En revanche, elle se montre plus pessimiste sur un démarrage dès 2019 du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche). 

L'EPR de Flamanville doit démarrer en 2019, mais l'ASN juge qu'il reste beaucoup de dossiers à traiter pour délivrer une autorisation.
EDF

Le contexte en matière de sûreté nucléaire en France est aujourd'hui "moins préoccupant" qu'il y a un an, a jugé lundi le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet. "Le contexte général est en amélioration, moins préoccupant", a-t-il déclaré à l'occasion de la présentation de ses vœux à la presse.

Parmi les dossiers dans lesquels des progrès ont été effectués figurent les problèmes de la teneur en carbone de certains équipements nucléaires, comme la cuve de l'EPR de Flamanville, les irrégularités à l'usine du Creusot ou encore les difficultés financières d'entreprises du secteur.

Sur ce dernier point, la restructuration et le renflouement d'Areva représentent "une étape importante qui a été franchie". "Nous serons attentifs à ce que ces nouvelles capacités techniques et financières arrivent bien aux bons endroits en quantité et en nombre", a dit Pierre-Franck Chevet.

Il a aussi fait état d'un certain nombre de "points de vigilance" de l'ASN. En particulier, EDF "rencontre des difficultés persistantes dans la gestion de la conformité des matériels", a-t-il remarqué. Le gendarme du nucléaire a ainsi demandé à l'électricien un "plan d'action" avant une réunion sur le sujet à la fin du semestre.

"On peut être amenés pour des raisons de sûreté à arrêter une dizaine de réacteurs. Partant de là, il faut que le système électrique soit capable d'y faire face", a aussi rappelé Pierre-Franck Chevet. Il a fait cette remarque au moment où la France veut réduire la part du nucléaire dans sa production d'électricité et que s'élabore la Programmation pluriannuelle de l'énergie pour les années 2019-2023.

Calendrier tendu pour l’EPR de Flamanville

Par ailleurs, l’ASN s'est montrée prudente lundi sur le calendrier du démarrage du futur EPR de Flamanville (Manche) par EDF, théoriquement prévu en fin d'année. "Ça sera tendu" et "ça sera le calendrier de sûreté qui s'imposera", a déclaré le président de l'ASN Pierre-Franck Chevet à l'occasion de ses vœux à la presse.

"Quand on en saura plus sur ce qui manque etc. on le dira, pour l'instant c'est tendu", a-t-il répété. L'électricien EDF prévoit de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2018, pour une mise en service commerciale en 2019.

Mais il doit auparavant obtenir le feu vert de l'ASN. La demande d'autorisation comporte deux phases: la mise en service partielle au moment où le combustible arrive sur le site, puis une autorisation pour l'introduction du combustible dans la cuve. "Il y a encore de nombreux dossiers à transmettre par l'exploitant EDF", a souligné Sylvie Cadet-Mercier, commissaire à l'ASN.

Le chantier de construction de ce réacteur a accumulé les déboires et les retards depuis son lancement en 2007. Des anomalies concernant la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve ont ainsi été découvertes. L'ASN a exigé que le couvercle de la cuve soit remplacé avant la fin 2024.

Ludovic Dupin avec AFP


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