Publié le 11 mars 2014
ÉNERGIE
Fukushima : 3 ans après l'accident nucléaire, les séquelles toujours présentes
Dimanche 9 mars, plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Tokyo pour demander au gouvernement de renoncer à l'énergie atomique. Trois ans après l'accident nucléaire de Fukushima, la situation reste toujours critique à la centrale. Mais le gouvernement conservateur de Shinzo Abe reste lui partisan d'une relance du nucléaire dans le pays.

© TEPCO
Le nucléaire séduit encore |
Il y a trois ans, la catastrophe de Fukushima ébranlait la confiance des populations et de certains gouvernements envers l'énergie nucléaire. L'Allemagne a frappé vite et fort en annonçant sa sortie totale du nucléaire d'ici 2022. De même que la Suisse et la Belgique. Sans aller aussi loin d'autres pays ont interrompu ou suspendu leur programme en cours. La France, quelques mois après l'accident, décidait, elle, à la faveur du changement de gouvernement, de réduire la part de l'atome dans le mix électrique. Aujourd'hui pourtant la filière est loin d'être exsangue et retrouve même de la vigueur dans les pays émergents. En 2013, la construction de centrales nucléaires a atteint son plus haut niveau depuis 25 ans, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique. 250 réacteurs sont en construction ou en projet - Chine, Turquie, Inde, Royaume-Uni, Moyen-Orient, etc. - ce jour et vont compléter un parc mondial d'environ 440 réacteurs installés dans 31 pays. Et de plus en plus d'émergents se disent prêts à rallier le camp nucléaire... |
Trois ans après l'accident de Fukushima, plusieurs manifestations ont eu lieu ce week-end, dans différents points du globe -au Japon, en France et en Allemagne notamment- pour demander l'arrêt du nucléaire. A Tokyo, ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont défilé, fustigeant l'industrie nucléaire - Tepco en tête- et le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, qui travaille depuis son accession au pouvoir il y a un an, à une relance des centrales nucléaires du pays à l'arrêt depuis la catastrophe. Shinzo Abe s'est d'ailleurs rendu le samedi 8 mars dans la préfecture de Fukushima ou il a tenu à goûter des produits locaux - délaissés par les consommateurs nippons en raison du risque de contamination radioactive- devant les caméras. Selon l'Usine Nouvelle, 17 dossiers de demande de redémarrage sont actuellement en cours de traitement devant la nouvelle autorité de sûreté nucléaire. Une quinzaine de réacteurs pourraient fonctionner d'ici fin 2015.
Une mauvaise gestion de l'accident
A la centrale de Fukushima Daiichi pourtant, la situation reste critique. Son opérateur, Tepco, est régulièrement critiqué pour sa gestion de la catastrophe et peine particulièrement à régler le problème de l'eau contaminée au sein du complexe. Dans les zones alentours, la question de la décontamination des terres et des habitations reste également une gageure pour le pays. Les efforts de décontamination ont été importants mais ils sont encore largement insuffisants. 59% des maisons des 58 communes contaminées ont été décontaminées. Et la question de la contamination des aliments reste toujours problématique. De fait, cette mauvaise gestion, doublée à un coût d'indemnisation (35 milliards d'euros selon Tepco) et de décontamination (100 milliards d'euros selon les autorités japonaises) faramineux, hypothèque grandement l' avenir de Tepco.
Sur le plan sanitaire, les données restent difficiles à obtenir. Des études sont menées pour suivre les cancers de la thyroïde chez les enfants notamment. Tandis qu'un suivi, notamment psychologique est actuellement assuré pour les quelque 200 000 personnes qui ont dû être évacuées de la zone 1656 personnes ont été recensées comme mortes prématurément suite au stress et à d'autres maladies liées à la crise nucléaire. Enfin, les travailleurs de la centrale font l'objet d'un dépistage systématique de tous les types de cancer mais aucun décès n'a pour l'instant été rapporté. Les victimes de Fukushima- en 2012, environ 15 000 personnes ont souhaité porter plainte contre l'Etat et Tepco pour négligence - ont toutes été déboutées par la justice nippone.
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