Publié le 04 février 2021
ÉCONOMIE
Trois banques européennes décident de ne plus financer l’extraction de pétrole en Amazonie
BNP Paribas, Crédit Suisse et ING ont décidé d’arrêter de financer le négoce du pétrole brut extrait en Amazonie, afin de ne plus contribuer aux dégâts environnementaux et sociaux dans la région. L’ONG Amazon Watch avait chiffré leurs financements de ces activités à près de 5,5 milliards de dollars pendant la dernière décennie.

@Rodrigo Buendia AFP
Le secteur du pétrole fait de plus en l'objet d'exclusions. BNP Paribas, Crédit Suisse et la néerlandaise ING viennent d’annoncer qu’elles ne financeraient plus le négoce de pétrole à partir d’Amazonie. Cet engagement suit un rapport d’août 2020, des ONG Amazon Watch et Stand.earth, qui pointait les financements des banques européennes dans la région.
De plus en plus d'institutions financières, dont BNP Paribas, s'engagent à ne plus plus financer ou investir dans les projets d'extraction du pétrole et du gaz non conventionnel. Il s'agit donc, cette fois, d'un nouvel angle d'attaque pour les ONG qui s'intéressent à un autre domaine de la finance, celui du négoce international, qui permet notamment de financer le transport de barils de brut vers les raffineries. Les 19 banques évaluées par le rapport ont ainsi financé le transport du pétrole à hauteur de 10 milliards de dollars sur la dernière décennie. BNP Paribas, ING et Crédit Suisse faisaient partie des principaux financeurs du "trading" de l’or noir en Amazonie, avec près de 5,5 milliards de dollars de financements octroyés à elles trois depuis 2009.
L’extraction pétrolière en Amazonie est particulièrement controversée, tant du fait de la pollution due à des rejets toxiques, que du fait des nombreuses violations de droits humains. L’affaire Texaco, l’entreprise rachetée par l’américain Chevron, a ainsi longtemps opposé le gouvernement de l’Équateur au pétrolier, en raison d’une vaste pollution des sols remontant aux années 60. Plus récemment, en novembre 2020, un glissement de terrain a causé la rupture de pipelines en Équateur entraînant un déversement dans la rivière Coca.
Chaos climatique
L’extraction de pétrole est particulièrement sensible en Amazonie du fait de la richesse de la biodiversité et du nombre important de populations autochtones dépendant de la forêt. "Pendant trop longtemps l’industrie pétrolière a fait des ravages sur nos peuples, violé nos droits, abattu nos forêts, pris nos terres et créé un chaos climatique qui conduit à l’effondrement de l’Amazonie", déclare dans un communiqué Marlon Vargas, le président de la Confédération des nationalités indigènes de l’Amazone équatoriale.
La décision de ces trois grandes banques européennes devrait commencer à assécher les flux financiers permettant l’exportation du pétrole amazonien. À condition que les autres établissements bancaires leur emboîtent le pas. La banque française Natixis, qui figure parmi les six plus grands financeurs du négoce du pétrole amazonien, déclare pour sa part n'avoir plus pris d'engagement de financement dans la région depuis mi-2020.
Arnaud Dumas, @ADumas5