Publié le 24 octobre 2022
ÉCONOMIE
Royaume-Uni : Rishi Sunak va devenir Premier ministre pour tenter de redresser le pays
Grèves à répétition, précarité alimentaire grandissante, crise financière, relance des gaz de schiste… Le passage de Liz Truss au poste de Première ministre laisse le Royaume-Uni au bord du chaos. Rishi Sunak, ancien ministre des Finances de Boris Johnson qui a été désigné pour prendre la suite, prétend vouloir réparer l’économie britannique. Les défis qui l’attendent, entre lutte pour le pouvoir d’achat et préservation des ambitions climatiques, sont nombreux.

@Daniel Leal / AFP
Après un passage éclair de Liz Truss au 10, Downing Street, c’est finalement son principal concurrent Rishi Sunak, 42 ans, qui va devenir le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni. Cet ancien ministre des Finances du gouvernement de Boris Johnson est le seul à avoir obtenu les parrainages nécessaires de la part des députés conservateurs, sa rivale Penny Mordaunt ainsi que Boris Johnson n’ayant pas réussi à convaincre.
Les défis pour le nouveau Premier ministre sont nombreux. Le passage éclair de Liz Truss a laissé le pays dans une crise politique et économique sans précédent. La proposition de "mini-budget" dévoilée fin septembre a même déclenché un sauve-qui-peut sur les marchés et abouti, in fine, à la démission de Kwasi Kwarteng, le ministre des Finances de Liz Truss. Rishi Sunak va devoir restaurer aussi bien la confiance du gouvernement que l’économie. Les marchés semblent déjà lui accorder leur confiance, la Livre britannique ayant retrouvé des couleurs après l’annonce. Dans un tweet en forme de profession de foi, il déclarait ainsi juste avant d’être officiellement nommé "vouloir réparer [l']économie, unifier [son] parti et agir pour [son] pays". Il reconnaît que "le Royaume-Uni est un grand pays qui fait face à une crise économique profonde."
Agir sur la hausse du coût de la vie
La crise énergétique et le niveau historique de l’inflation ont particulièrement heurté le pays, qui connaît l’un des plus forts taux d’inflation des pays occidentaux avec une hausse des prix dépassant les 10%. Le pays vit depuis l’été une vague de tensions sociales et de grèves en raison de l’augmentation du coût de la vie et de la faiblesse des salaires.
Le nouveau Premier ministre n’a pas encore déclaré comment il souhaitait agir sur le coût de la vie. Cet été, au moment où il était encore en compétition avec Liz Truss pour le poste, il proposait principalement d’agir sur le coût de l’énergie, notamment en réduisant la TVA sur l’énergie. La question de l’approvisionnement est également vitale pour le Royaume-Uni. Liz Truss avait mis de côté la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en proposant de relancer la production de gaz de schiste. Le vote avait suscité un tollé dans les rangs conservateurs et accéléré le départ de la Première ministre. Rishi Sunak semble au contraire plus enclin à poursuivre une politique verte. En tant que ministre des Finances, il avait ainsi proposé une stratégie pour verdir la place financière londonienne en 2020.
Mais la précarité déborde largement le cadre énergétique et menace désormais la capacité des Britanniques à se nourrir. La Food Standards Agency, l’agence de protection alimentaire, constate ainsi que les citoyens adoptent des stratégies dangereuses en termes de santé face à l’augmentation des prix des aliments.
Des Britanniques contraints à sauter des repas
Selon un sondage de la FSA d’octobre 2022, 40% des Britanniques s’inquiètent de savoir s’ils pourront continuer à acheter de la nourriture dans les prochains mois. Ils sont 30% à déclarer sauter des repas ou réduire leur consommation depuis ces derniers mois en raison des prix, et 32% à manger des aliments ayant dépassé leur date limite de consommation. La crise de l’énergie atteint également les plus vulnérables. La FSA indique ainsi que 18% des ménages coupent l’alimentation électrique de leur réfrigérateur pour réduire leur facture. Plus d’un million de citoyens britanniques ont d’ailleurs rejoint le mouvement "Don’t pay" cet été, incitant à ne plus payer leur facture énergétique.
Our latest research shows families are making huge changes to how they shop and eat as they feel the impact of soaring inflation. Among those who said they are struggling the most financially, 50% said that their household was actively skipping meals. https://t.co/uldx035I7k
— Which? (@WhichUK) October 20, 2022
L’association de consommateurs Which? fait le même constat. En se concentrant sur les ménages en difficulté financière, elle estime même à 50% les personnes obligées de sauter un repas. L’association appelle notamment les supermarchés à renforcer leurs politiques d’aide aux plus démunis, en améliorant la transparence des prix sur les produits les moins chers ou encore en faisant des promotions spécifiquement ciblées sur les ménages modestes.
Arnaud Dumas, @ADumas5