Il pourrait être le "plus puissant typhon depuis 1949". C’est dire l’intensité du super-typhon Saola attendu avec inquiétude en Chine. Des dizaines de millions d’habitants de mégapoles sont déjà calfeutrés, des centaines de vols ont été supprimés et la rentrée des classes a été repoussée à Hong Kong. Un impact direct sur la zone étant possible, les autorités y ont relevé vendredi 1er septembre en fin de journée le niveau d'alerte de T8 à T9, puis à T10, le maximum, émis seulement 16 fois depuis la Deuxième Guerre mondiale. Elles anticipent en effet une augmentation sensible de la force du vent, susceptible d'atteindre 118 km/h ou plus avec des rafales pouvant dépasser 220 km/h.

Vitrines et fenêtres des commerces et des habitations ont été protégées au moyen de ruban adhésif, tandis que les immeubles de bureaux proches de Victoria Harbour ont barricadé les entrées pour tenter d'empêcher l'eau d'y pénétrer. L'autorité aéroportuaire de Hong Kong a annoncé l'annulation de plus de 300 vols vendredi. La Bourse a annulé les "séances de négoce du matin pour tous les marchés".

Les failles du système mondial

Shenzhen, l'un des principaux centres économiques du pays, a, lui, ordonné la fermeture des bureaux, commerces et marchés, et ouvert des abris pour la population. Tous les transports publics de cette ville de 17,7 millions d'habitants ont cessé leur service dans la soirée, alors que les trains en provenance et à destination de Canton sont suspendus jusqu'à samedi soir. 

Pour bien comprendre l’impact de ces fermetures, il faut se souvenir que Shenzhen est la capitale chinoise de l’électronique. Elle abrite des grandes usines qui produisent les derniers iPhones ou téléphones Samsung. Lors du Covid-19, le confinement de la ville avait mis à mal toute la chaîne d’approvisionnement, révélant les fragilités d’un système mondial hyper-dépendant à quelques hubs. Le fabricant taïwanais Foxconn, principal fournisseur d’Apple avait ainsi suspendu ses activités à Shenzhen, baptisée la Silicon Valley chinoise.

La crise climatique renforce l'intensité des typhons

Aujourd’hui, ce n’est donc pas la pandémie qui fait tousser l’économie mondiale, mais la crise climatique. S’il faut être prudent sur les liens entre typhon et réchauffement climatique, plusieurs études montrent que ce dernier renforce leur intensité. Une étude publiée en septembre 2022 dans la revue Frontiers in Earth Science a conclu que les ouragans et typhons pourraient doubler en puissance entre 2075 et 2099 en raison de la crise climatique. Quant à leur durée, elle pourrait augmenter de 56%, soit 4,9 heures supplémentaires par rapport aux tempêtes actuellement observées. 

Et justement, les dégâts causés par les typhons dépendent de la durée durant laquelle ils stagnent au-dessus des terres, a expliqué à Reuters le climatologue Shao Sun de l’université de Californie. "Malgré son intensité modérée, Rumbia (un typhon de 2018, NDLR) a eu une durée de vie exceptionnellement longue, durant un total de 132 heures, avec plus de trois jours passés au-dessus de la Chine continentale", a-t-il comparé.