Publié le 13 octobre 2022
ÉCONOMIE
Re.boot : des étudiants créent une formation en finance durable pour combler les failles des écoles
La finance durable doit sortir de l'ombre. Des étudiants devancent les écoles de commerce en créant re.boot, une formation pour donner les clés de compréhension de ce domaine. En pleine évolution, la finance durable est jonchée des écueils du greenwashing et pourtant essentielle pour la transition écologique.

@Association Re.boot
"Je ne voulais pas rester seule, on se sent parfois écrasés face l'importance des enjeux" confie Héloïse Broncard, étudiante à l'école de commerce ESCP Europe. Elle a co-fondé l'association re.boot pour faire connaître le secteur de la finance durable à d'autres étudiants. En ce moment, une quarantaine de jeunes participent au "bootcamp" de re.boot, une formation en ligne sur la finance durable à raison de deux séances de deux heures par semaine. Cette deuxième édition transforme l'essai après le succès de la première, qui s'est tenue à l'Académie du climat à Paris en mars 2022.
Malgré des évolutions rapides dans l'enseignement supérieur, la spécialité en finance durable reste peu choisie par les étudiants. Il faut dire que "les masters en finance ne prennent pas assez en compte les enjeux écologiques" en particulier dans les troncs communs, constatent les quatre fondateurs de re.boot, venant tous d'écoles de commerce. "Des compétences et connaissances" pourtant "demandées par les acteurs engagés de la finance durable", rappelle Melchior Mesnard, co-fondateur de re.boot et étudiant à Skema.
Détecter le greenwashing
"Le bootcamp renforce certaines thématiques, notamment la biodiversité qui n'était pas adressée", témoigne Perrine Lichou, participante au bootcamp et étudiante en finance à l'université Paris Dauphine. Le programme est "dense", avec de nombreux "retours de terrain de professionnels" mais reste pour autant "totalement accessible à tous" selon Ines Gasteli, une autre participante qui, elle, n'a pas étudié la finance. "Je voulais faire des investissements en lien avec mes convictions" témoigne-t-elle.
L'association répond aussi à une demande forte des étudiants : détecter le greenwashing. "Nous souhaitions rencontrer d'autres étudiants ayant été confrontés au greenwashing, au manque de transparence, à la difficulté de s'y retrouver, au manque d'ambition et de prise en compte des enjeux écologiques dans la réalité quotidienne de certains acteurs financiers" précise Melchior Mesnard.
"Construire la société de demain"
Pour cela, re.boot fait venir des intervenants bénévoles du monde professionnel. La formation se veut accessible, avec une participation de 40€ destinée au fonctionnement de l'association. En plus des séances du bootcamp consacrées aux limites de la finance durable, l'association publie son "job board", une liste d'offres d'emploi d'entreprises jugées réellement sincères dans leur démarche. Re.boot souhaite ainsi s'affirmer comme un "cercle de réflexion" pour "pousser les limites de la finance durable". "On gagne du temps en mutualisant", s'enthousiasme Héloïse Broncard.
Le succès de la démarche vient aussi de l'aspect 100% étudiant. "Le bootcamp est très horizontal, les étudiants organisateurs rencontrent les mêmes défis que nous, c'est d'autant plus intéressant" apprécie Ines. Ce qui réunit la communauté re.boot, c'est la volonté de "construire la société de demain", conclue-t-elle.