Publié le 06 septembre 2022
ÉCONOMIE
France, Pays-Bas, Allemagne, Espagne, Portugal : les plans des Européens pour faire face à la flambée des prix de l’énergie
En prévision de la réunion d’urgence des ministres de l’Énergie convoquée le 9 septembre prochain, Emmanuel Macron a dévoilé la position de la France. Comme l’Allemagne, le président s’est dit favorable à la mise en place "d’un mécanisme de contribution européenne des producteurs d’énergie qui font des bénéfices pour financer les mesures nationales". Les Pays-Bas préparent de leur côté un plan de taxe sur les superprofits. Quant à l’Espagne et au Portugal, ils ont déjà mis en place des systèmes de plafonnement des prix du gaz.

NIKOLAY DOYCHINOV / AFP
La présidence tchèque de l'Union européenne convoquera une réunion en fin de semaine, "afin de discuter de mesures d’urgence spécifiques pour faire face à la situation énergétique", a déclaré le premier ministre Petr Fiala. Pour contenir l’explosion des prix et voler au secours des populations les plus vulnérables, certains pays européens ont d’ores et déjà expérimenté des mesures, tandis que d’autres planchent sur des solutions qu’ils s'apprêtent à déployer.
Allemagne et France : les producteurs d'énergie mis à contribution
L’Allemagne a annoncé ce dimanche un plan d’aide de 65 milliards d’euros dont des mesures de soutien aux ménages les plus modestes. Le plan sera partiellement financé par un mécanisme de contribution obligatoire "sur les gains fortuits" des énergéticiens, souligne le gouvernement. Selon leurs estimations, cette mesure devrait rapporter environ 25 milliards d'euros.
Ce même mécanisme a été défendu par le président français lors de son point presse, organisé lundi 5 septembre. Emmanuel Macron s’est en effet dit favorable à l’instauration d’un "mécanisme de contribution des producteurs d’énergie qui font des bénéfices pour financer les mesures nationales prises pour accompagner les ménages". Il a par ailleurs souligné que la France défend déjà cette approche avec le geste demandé à TotalEnergies sur le prix des carburants ou à EDF avec une hausse du volume de l’Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique).
Pays-Bas : taxer les surprofits
De leur côté, les Pays-Bas se préparent à annoncer des mesures de soutien aux ménages les plus démunis, financées en partie par une taxation des bénéfices exceptionnels des entreprises du pétrole et de gaz. En effet, selon Bloomberg, le pays planche sur un plan à 16 milliards d’euros pour aider les bas salaires et les ménages modestes. Le gouvernement envisage une hausse du salaire minimum ainsi qu’une baisse des taxes et des subventions réservée aux plus démunis. Pour financer ces mesures, l’État devrait annoncer une hausse de l’impôt sur les bénéfices des petites et moyennes entreprises de 15 à 19%. Elle s'ajouterait à la taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises du pétrole et de gaz qui devrait rapporter 2 milliards d’euros à l’État.
Espagne et Portugal : plafonner les prix de marché
L’Espagne et le Portugal ont quant à eux choisi de plafonner le prix du gaz - qui détermine aujourd’hui le prix de l’électricité – pour produire de l’énergie, ce qui a permis de contenir les hausses de coûts pour les industriels et les particuliers. "Les mesures prises par l’Espagne ou le Portugal sur les prix du marché de gros se révèlent pertinentes", estime Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). "Si la commission [européenne] venait à décider de mettre un plafond au prix du gaz acheté à travers les gazoducs à la Russie, la France soutiendrait une telle mesure", a également indiqué Emmanuel Macron.
Par ailleurs, le chef de l’État a laissé entendre que d’autres mesures pourraient également faire l’objet d’un accord en Europe. "Contre la spéculation, nous souhaitons mettre en place des mécanismes de contrôle", a ainsi évoqué Emmanuel Macron. "La hausse est alimentée par la spéculation, certains anticipant les défaillances à venir d’EDF, ce qui alimente la spirale inflationniste", confirme Nicolas de Warren. "L’État peut agir, on peut par exemple sortir du mécanisme de marché. Il ne faut s’interdire aucune solution", ajoute le responsable.
"Le prix de l’électricité est déconnecté des prix de production, il faut pouvoir réformer le marché de l’électricité", confirme le président français. "Si on veut que les prix se calment, il va falloir détricoter le système de libéralisation du marché européen de l’électricité que nous avons à tort mis en place" soutient Jean-Marc Jancovici, ingénieur énergie climat, sur RTL. L’heure de la refonte du marché européen de l’électricité a peut-être sonné.
Mathilde Golla @Mathgolla