Publié le 14 septembre 2023
ÉCONOMIE
Ondes trop puissantes, "batterygate", méfiance des investisseurs… Apple dans la tourmente en plein lancement de l'iPhone 15
Le royaume d'Apple, auparavant intouchable, est-il plus vulnérable qu'on ne le pensait ? Alors que le groupe vient de dévoiler en fanfare l'iPhone 15, les risques se multiplient. Entre le retrait sur le marché français de l'iPhone 12 dont les ondes sont trop fortes, la crainte d'un méga-procès à Londres en lien avec l'obsolescence programmée ou encore la méfiance des investisseurs depuis que la Chine veut réduire l'utilisation des iPhones, l'avenir de la marque à la pomme s'assombrit.

NIC COURY / AFP
Chaque année lors de sa célèbre soirée Keynote, Apple fait rêver des millions d’utilisateurs et des journalistes avides de nouvelles technologies. La plus grande entreprise au monde en termes de capitalisation boursière avec 3 000 milliards de dollars, a présenté mardi 12 septembre ses nouveaux jouets dont l’iPhone 15 décliné en 4 versions différentes, du normal au Pro Max, et pour lesquels il faut compter environ 1 000 euros minimum.
Reste que cette année, il semble difficile pour les consommateurs de comprendre quel bond technologique différencie l’iPhone 14 de l’iPhone 15. Quand ses concurrents se sont lancés dans le smartphone pliable, Apple dévoile… un port universel de chargement. Plus besoin de demander à vos collègues s’ils ont un chargeur Apple, tous les câbles des smartphones Androïd seront enfin compatibles avec les iPhones. Une révolution !
Pas sûr que cela suffise à endiguer la baisse des ventes des produits Apple. Le 3 août, le PDG du groupe, Tim Cook, annonçait en effet une baisse des revenus de la firme pour le troisième trimestre consécutif, soit la baisse de vente la plus longue de l’entreprise depuis 2016. En février dernier, la firme accusait un repli de 5% de son chiffre d’affaires. De manière générale, le marché du smartphone va mal. Une note publiée début septembre par le cabinet Counterpoint évoque un déclin de 9% au deuxième trimestre 2023.
Recours collectifs
Si Apple s’en sort un peu mieux que ses concurrents, les risques sont de plus en plus visibles pour la firme. Dernier en date en France : le retrait de la vente de l’iPhone 12 pour non-conformité avec la réglementation européenne. L’Agence nationale des fréquences (ANFR) a ainsi constaté lors d’un contrôle un dépassement des valeurs limites sur les ondes électromagnétiques émises et absorbées par le corps humain. L’ANFR appelle Apple à remédier à ses dysfonctionnements sur les exemplaires déjà vendus, une mise à jour du logiciel devrait suffire. Le cas échéant, le groupe devra procéder à un rappel.
Outre-Atlantique, c’est un recours collectif intenté il y a six ans qui pourrait enfin déboucher sur un accord. Selon le communiqué du cabinet d’avocats représentant pas moins de trois millions de plaignants, Apple va verser jusqu’à 500 millions de dollars de compensation. En cause : l’obsolescence programmée des iPhones 6, 6S et 7.
Les clients accusent Apple d’avoir délibérément ralenti les appareils après l’installation de mises à jour logicielles. Le groupe qui n’a pas reconnu d’acte répréhensible, a accepté le marché des avocats. Mais quand une page se tourne aux États-Unis, une autre s’ouvre au Royaume-Uni. Un nouveau méga-procès pourrait cette fois s’ouvrir à Londres. Justin Gutmann, un défenseur des droits des consommateurs au Royaume-Uni, réclame près de 1,8 milliard d’euros à la marque à la pomme pour avoir trompé la confiance de ses clients.
Défiance des investisseurs
Et après la défiance des consommateurs, vient celle des investisseurs. Le Wall Street Journal a en effet révélé le 7 septembre que la Chine avait interdit aux fonctionnaires l’utilisation des iPhones. "Cette directive constitue la dernière étape de la campagne de Pékin visant à réduire la dépendance à l’égard des technologies étrangères et à renforcer la cybersécurité", note le journal. Sauf que la Chine est l’un des plus grands marchés d’Apple, elle représente près de 20% de son chiffre d’affaires. À la parution de l’article du média américain, le titre du groupe a d'ailleurs chuté de 10% en Bourse pendant trois jours.
Depuis, le gouvernement chinois a démenti mais dit attacher "une grande importance à la cybersécurité et à la sécurité de l’information et traiter les entreprises chinoises et étrangères sur un pied d’égalité". "C'est le symptôme d'un problème plus grave lié à la guerre commerciale et idéologique en cours entre la Chine et les États-Unis", a déclaré Trip Miller, directeur associé de Gullane Capital Partners, l'un des investisseurs d'Apple. Pour rappel, la Chine constitue la base de production mondiale d’Apple. Le Covid-19 a rappelé à la marque combien elle était dépendante de Pékin. Depuis, elle tente de diversifier son approvisionnement. L’iPhone 15 a ainsi été fabriqué en Inde.