Publié le 23 novembre 2021
ÉCONOMIE
Maif et Camif se marient pour créer un champion de la consommation durable
L'assureur Maif reprend le site d'e-commerce d'ameublement Camif. Les deux entreprises, très engagées, partagent une vision commune de la "consommation responsable" et une volonté de la promouvoir. Le rapprochement va faciliter le développement de Camif et lui donner de la visibilité. Pour Maif, c’est un moyen de soutenir un acteur emblématique d’un secteur en pleine croissance et une preuve supplémentaire de son engagement.

Camif
Retour aux sources : Maif rachète Camif qui était, à l’origine, la Coopérative des adhérents à la Maif ! Si le site de vente en ligne d'ameublement a, entre-temps, évolué et changé de propriétaire, les deux sociétés, toutes deux entreprises à mission, sont très proches. Non seulement elles sont toutes deux basées à Niort (Deux-Sèvres), mais elles partagent une vision de la consommation responsable, explique Pascal Demurger, président de Maif. "C’est sur ce socle commun que l’on a bâti ce rapprochement qui répond à un axe citoyen et un axe stratégique", ajoute le dirigeant. Ce mariage sera opérationnel en janvier 2022, date à laquelle le groupe Maif détiendra 82% de la Camif.
Cette union de sens va faciliter le développement de Camif. "80% de nos clients sont des "nouveaux" consommateurs qui veulent donner du sens à leurs achats", indique Emery Jacquillat, président de la Camif, qui veut y répondre en réinventant un modèle "basé sur une économie plus locale, circulaire, moins gourmande en énergie et plus engagée".
Très heureux du rapprochement @Camif_ et @MAIF qui unissent leurs forces pour faire changer d'échelle la consommation responsable ! #EntrepriseàMission #MadeinFrance #Niort pic.twitter.com/ucAqY60Spy
— Emery Jacquillat (@emery79) November 23, 2021
Concrètement, le groupe veut proposer des nouveaux services, des produits de seconde main et en location, notamment à destination des étudiants. "Une étude est en cours pour trouver les bonnes conditions de développement, l’offre pourrait être disponible en 2022 ou 2023", indique le président. Le groupe veut aussi développer des programmes d’innovation pour proposer des produits éco-conçus. "Nous sommes en train de changer de modèle, nous passons du métier de distributeur à celui d’éditeur où l’on co-conçoit les produits avec nos fabricants", précise Emery Jacquillat. Ainsi "c’était le bon moment pour lancer un nouveau cycle d’investissement", ajoute-t-il.
Camif espère doubler de taille et de chiffre d’affaires
L’union avec Maif lui permet ainsi de retrouver un peu d’air pour mener à bien ces projets. D’autant que cet été, Camif a fait le choix de se passer des biens fabriqués hors d’Europe, ce qui a aussi privé le groupe de 7,4% de son offre et 5% du chiffre d’affaires. Avec ce développement, Camif espère doubler de taille et de chiffre d’affaires. L’e-commerçant prévoit de créer une centaine d’emplois supplémentaires à Niort d’ici cinq ans. "Avec l’effet multiplicateur, la création de 100 emplois à Niort débouchera sur la création de 1400 emplois en France", calcule le président. "Cet objectif de croissance ira de pair avec notre quête perpétuelle de réduction des émissions de carbone", ajoute le dirigeant.
Le montant des investissements n’a pas été précisé ni les termes financiers de l’opération. Maif a simplement indiqué avoir choisi de convertir des obligations convertibles qui arrivaient à échéance fin 2021. Pour l'assureur, l’opération est stratégique. Il a récemment lancé la plateforme de commerce en ligne "Bien ou bien" dédiée aux produits responsables et veut devenir un "emblème du mouvement de consommation responsable". Le rachat de Camif permet ainsi d’asseoir cette image, de prolonger l’engagement du groupe et "d’aider les sociétaires à agir dans ce sens", souligne Pascal Demurger. L’objectif est ainsi de faire émerger un champion de l’habitat durable en soutenant le développement d'un acteur en pleine croissance.
Le groupe souligne que "l’opération n’est pas transformante" car les tailles des deux entreprises ne sont pas comparables, avec notamment 100 salariés d’un côté et 10 000 de l’autre. "Le risque est mesuré et d’autant plus mesuré que nous avons toute confiance dans le développement de Camif", conclut Pascal Demurger.
Mathilde Golla @mathgolla