Publié le 11 août 2022

ÉCONOMIE

Agitateurs mais pas déserteurs : ces étudiants qui bousculent les entreprises

Les étudiants ne sont pas tous des déserteurs. Si certains ont perdu confiance dans la capacité des entreprises à se remettre en question, d'autres s'arment d'optimisme et de ténacité pour faire bouger les lignes. Avec la conviction que l'impact se situe dans le dialogue, ils cherchent à convaincre que d'autres modèles sont possibles. Toute la semaine, Novethic explore les bifurcations, nouvelles voies pour un monde plus durable envisagée par de plus en plus d'étudiants.

Bifurcation
Les étudiants engagés veulent faire changer les entreprises de l'intérieur, convaincus qu'ensemble, on va plus loin.
@Istock / Zbynek Pospisil

Ils ont décidé de suivre une voie professionnelle correspondant à leurs valeurs, mais pour autant, n'ont pas déserté un système économique vivement critiqué par de plus en plus d'étudiants. Ces jeunes engagés veulent changer les entreprises de l'intérieur, convaincus qu'ensemble, on va plus loin. Prise de conscience abrupte, cheminement progressif... Les parcours sont multiples mais ont en commun une conviction : le dialogue peut porter ses fruits, malgré les lenteurs et blocages.

"Être diplômé d'HEC ne nous fige pas dans le système, au contraire, ça nous ouvre des portes pour le transformer" a affirmé Camille Fournier lors de sa remise de diplôme cette année 2022. Elle travaille aujourd'hui pour Eloi, une entreprise qui accompagne l'installation des agriculteurs en agroécologie. C'est en s'immergeant pendant un an dans le quotidien de onze fermes et en réalisant le podcast "Sur le champ" qu'elle s'est rendue compte que "de nombreux ponts sont à construire" entre le monde de l'agriculture et celui de l'entreprenariat.

Une quête d'impact

Cette quête d'impact, c'est aussi celle d'Adrien, ingénieur diplômé de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en 2020. Depuis toujours sensible à la cause environnementale, il a acquis la conviction qu'"avec des chiffres concrets, les gens t'écoutent". Il a commencé par militer pour une meilleure prise en compte des enjeux de durabilité dans son université, aboutissant à la création d'un conseil du développement durable. Ce succès lui a donné envie de poursuivre l'aventure à plus grande échelle.

Depuis quelques mois, il est chargé de calculer les impacts environnementaux d'un grand groupe agroalimentaire. "Je suis écouté à tous les niveaux : dans les usines, les stratégies d'éco-conception, la logistique, les emballages... Nous avons un petit levier d'influence", affirme-t-il. Il nuance toutefois : "on ne voit pas encore les résultats", face à la complexité des enjeux. Malgré tout, les discussions sont fertiles "Je peux encore apprendre beaucoup. Les impacts sont parfois restreints, mais si on fait bouger les choses, ça vaut le coup" confie-t-il.

Faire bouger les lignes

Les jeunes diplômés font parfois face au défi de trouver une entreprise qui veut bien faire bouger ses lignes. Louis Pellet, diplômé de l'école de commerce ESCP, suivait les avancées du pôle Responsabilité Sociétale de l'entreprise dans laquelle il travaillait. "Au bout d'un an et demi, les discours de ce pôle n'étaient toujours pas cohérents. Il y avait des bilans, des projets de compensation, mais dans le fond, le business n'était pas durable et la stratégie RSE pas suffisamment claire", explique-t-il. L'entreprise souhaitait conserver son modèle sans travail de fond sur la provenance des produits.

En parallèle, il a créé son podcast "Think Degrowth" pour explorer les facettes de la décroissance. "Les rencontres m'ont beaucoup aidées à me créer un nouvel imaginaire" témoigne-t-il, réalisant qu'il lui était possible de travailler avec des personnes plus engagées. Il travaille aujourd'hui chez Circul'R, une entreprise spécialisée dans le conseil en économie circulaire. "Je vais à la rencontre de nombreuses personnes qui souhaitent faire bouger les lignes. Cela nous permet de planter des graines pour un modèle plus respectueux de l'humain et de l'environnement" s'enthousiasme-t-il, même si ses interlocuteurs ne sont pas toujours les décisionnaires.

Fanny Breuneval @breuneval_fanny


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