Un Français sur cinq court un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale

Un Français sur cinq court un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Selon les chiffres dévoilés par Eurostat, l’organisme statistique de la Commission Européenne, près de 14 millions de Français vivent aujourd’hui avec au moins l’une des trois difficultés suivantes : un revenu inférieur au seuil de pauvreté (1 102 euros pour une personne seule), dans un foyer très éloigné de l’emploi ou dans une grande précarité matérielle. Un chiffre qui n’a eu de cesse de se dégrader, passant de 17,8% à 21% en cinq ans. 

Comparée aux autres pays européens, la France se situe juste en-dessous de la moyenne alors que c'est l'un des pays les plus riches du continent. Parmi les autres points inquiétants révélés par Eurostat, il apparaît que les Françaises sont largement plus menacées par la pauvreté (22,1% pour les femmes contre 19,8% pour les hommes). De même, la précarité se concentre sur les plus jeunes. 27% des Français de moins de 18 ans sont concernés contre seulement 15% des plus de 65 ans.

Une baisse sans précédent de la consommation alimentaire

La chute de la consommation de l’alimentation en France est sans précédent : -12% depuis janvier 2022. C’est même une chute jamais vu depuis le début du recensement de ces données par l’Insee dans les années 80, explique à Novethic l’économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), François Geerolf. En cause : l’inflation et l’augmentation des prix alimentaires. Baisse des volumes d’achats, réduction du gaspillage, les stratégies sont nombreuses. Et devraient devenir la norme dans les années à venir. 

La chute de la consommation alimentaire des ménages n'a même *aucun* précédent dans les données mensuelles compilées par l'Insee depuis 1980. De même pour la chute de la consommation de biens en général... https://t.co/594BLLdUtZ pic.twitter.com/87AUOuZgxG

— François Geerolf (@FrancoisGeerolf) July 5, 2023

"On voit que les Français ne peuvent pas continuer à consommer de la même manière avec des prix à +15 %", indique Emily Mayer, experte à l’institut de Recherche et d'innovation (IRI). "Ils s’adaptent pour essayer que leur panier n’augmente pas, ça va s’ancrer dans les habitudes", note la spécialiste. Avec quelles conséquences ? "Les salaires ne vont pas rattraper l’inflation, le pouvoir d’achat baisse…Les effets politiques peuvent être très importants", prévient François Geerolf.

Les grandes fortunes françaises atteignent des sommets

1 170 milliards d’euros. C’est la somme astronomique que représente le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France, selon le classement annuel réalisé par le magazine Challenges. Au sommet de la pyramide, se trouve l’indéboulonnable Bernard Arnault, patron de la multinationale du luxe LVMH, dont le patrimoine dépasse les 200 milliards de dollars. La plupart de ces patrimoines familiaux sont liés à la détention de parts dans des entreprises, dont les valorisations ont beaucoup progressé ces dernières années. C’est ainsi la spectaculaire augmentation de ces fortunes au cours de la dernière décennie, qui est la plus frappante. Juste avant le début des années 2010, le cumul des 500 fortunes ne dépassait pas les 200 milliards d’euros…

Une décennie marquée dès lors par une augmentation des inégalités sociales. Un rapport récent d’Oxfam montrait ainsi que les dépenses des entreprises pour leurs salariés avaient augmenté de 22% entre 2011 et 2021, pendant que les versements aux actionnaires progressaient de 57%.

Les taux d’intérêts décollent

C’est la fin de l’argent facile. L’augmentation de l’inflation en raison de la crise énergétique mais aussi de la pénurie de matières premières au niveau international, a obligé la plupart des banques centrales du monde à resserrer leurs taux directeurs. Mi-juin 2023, la Banque centrale européenne (BCE) a ainsi augmenté pour la huitième fois d’affilée ses taux d’intérêt depuis juillet 2022. La conséquence n’a pas tardé à se faire sentir, notamment sur les taux d’intérêt immobiliers. Ils sont passés d’1,12% en mai 2022, à 2,89% en moyenne au mois de mai 2023, dépassent même les 3% en juin. 

Le marché immobilier commence à se contracter légèrement, notamment pour les achats de logements neufs, les plus performants au niveau énergétique. La Banque Postale veut justement prendre le contrepied de cette tendance, en lançant un prêt à impact immobilier, dont le taux est réduit si l’acquéreur réalise des travaux de rénovation énergétique au moment de l’achat.

L'empreinte carbone des Français cinq fois trop élevée

Carbone4, cabinet d'expertise sur le climat, vient de mettre à jour l’empreinte carbone française pour l’année 2021, la dernière pour laquelle il y a des données consolidées. Celle-ci est toujours beaucoup trop élevée : 9,9 tonnes de CO2 équivalent en moyenne annuelle pour chaque Français alors qu'il faudrait qu'on descende à 2 tonnes... La part représentée par la voiture s'est encore accrue et continue de dominer l'empreinte carbone des Français. 

Au 2e rang, on trouve la consommation de viande, qui est restée inchangée par rapport à 2019, à égalité avec la consommation de gaz et de fioul, qui a quant à elle diminué. Selon les calculs de Carbone4, qui a affiné sa méthodologie, l'empreinte carbone des Français a ainsi baissé de 3% entre 2019 et 2021. Alors une fois qu'on a constaté l'ampleur des dégâts, que peut-on faire ? Se mettre à l'action ! Carbone4 a lancé les ateliers MyCO2 afin de pouvoir échanger sur le sujet, un peu à la manière des Alcooliques anonymes. 70 000 personnes y ont participé en trois ans.

Concepcion Alvarez, Arnaud Dumas, Marina Fabre-Soundron et Blandine Garot.