Publié le 05 novembre 2020
ÉCONOMIE
Élection US : l'incertitude liée au résultat provoque des scènes de violence
Le suspense se poursuit aux États-Unis. Alors que le nom du futur président n'a toujours pas été dévoilé, des scènes de violence ont éclaté dans le pays. Des militants pro-Trump tentent en effet, dans plusieurs bureaux de dépouillement, de stopper le décompte des votes. Des militants d'extrême gauche ont eux manifesté la nuit dernière en brûlant des drapeaux américains. Dans une Amérique polarisée, les risques d'émeutes post-électorales n'ont jamais été aussi importants.

Nathan Howard / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
[Mise à jour le 5 novembre] C'est le scénario cauchemar pour les Etats-Unis. Plus de 24h après l'élection, le nom du futur Président n'a pas été dévoilé. Un suspense qui a provoqué des scènes de violence chez les extremistes des deux bords. Dans le Michigan et l'Arizona, deux Etats qui sont en train de basculé du côté démocrate, des militants pro-Trump tentent de bloquer le dépouillement des votes. Poussés par l'actuel hôte de la Maison Blanche, qui dénonce, sans preuve, des "fraudes", les militants scandent "Arrêtez les décomptes".
STOP THE COUNT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 5, 2020
Sur place, une journaliste de NBC s'inquiète : "Ce que nous voyons là, c'est une scène à la limite de l'émeute avec des observateurs de scrutin autoproclamés qui disent vouloir avoir accès au bâtiment".
“What we see here is essentially an increasing mob-like scene of self proclaimed ‘poll watchers’ who say that they want to get access to the building,” @HeidiNBC on the poll watching protests in Detroit. pic.twitter.com/xbTK1XFLcZ
— MSNBC (@MSNBC) November 4, 2020
A l'opposé, dans les rues de New York et de Washington, des militants pro-démocrates ont défilé dans les rues en criant "Comptez chaque voix". A Portland, dans l'Oregon, la situation était particulièrement tendue hier soir. Alors que Donald Trump s'est auto-proclamé victorieux de cette élection, des militants d'extrême gauche ont manifesté dans les rues, brûlant des drapeaux américains. "On ne veut pas de Biden. On veut de la vengeance (...) On veut que Trump parte", a lancé un manifestant.
National Guard called into Portland amid 'widespread violence' after election https://t.co/C5X1FJCTWF pic.twitter.com/DzCeGq4EtJ
— New York Post (@nypost) November 5, 2020
La gouverneure de l'Oregon, Kate Brown, a prolongé l'état d'urgence instauré pour la nuit de l'élection présidentielle. Plusieurs experts avaient prédit des risques d'émeutes particulièrement importants pour cette élection. Selon le bureau d’analyse Small Arms Analytics & Forecasting, près de 17 millions d’armes à feu ont été vendues depuis le début de l’année 2020, c’est plus que "toute autre année complète jamais enregistrée", note le Los Angeles Times. "Les risques de violence sont plus grands que lors de toute élection précédente récente", a déclaré Daniel Byman, un expert en terrorisme de la Brookings Institution à Washington dans Vox.
Les entreprises ont anticipé
Beaucoup de magasins avaient pris leur disposition. À Denver, dans le Colorado, la ville a averti les entreprises de se préparer à d’éventuelles émeutes. Les fenêtres des boutiques ont ainsi été recouvertes de plaques de bois afin d’éviter la casse. "Denver prend des mesures proactives pour s’assurer que les propriétaires et les dirigeants d’entreprises sont conscients du potentiel d’agitation", assure la municipalité dans un dépliant distribué aux entreprises.
Dans une Amérique polarisée, les entreprises craignent le pire. Le géant de la distribution, Walmart, a ainsi retiré provisoirement les armes et munitions de ses rayons, en raison "de troubles isolés dans certaines régions du pays, et ce dans un souci de prudence", explique la direction à ses managers de magasins. Même le célèbre patron de Facebook, Mark Zuckerberg, n’est pas rassuré. "Je suis inquiet qu’il y ait un risque de troubles civils dans tout le pays, alors que notre nation est si divisée et que les résultats électoraux prendront potentiellement des jours ou des semaines à être finalisés", a-t-il déclaré lors d’une conférence aux analystes sur les résultats trimestriels de sa société.
Facebook en alerte sur les fake news
D’où l’importance de ne pas faire circuler de fake news pendant la période de dépouillement. Pour protéger la confiance dans le processus électoral, voire le système démocratique. Mark Zuckerberg souligne : "Des entreprises comme la nôtre doivent en faire plus que jamais auparavant". Il rappelle une partie des garde-fous mis en place, comme l'interdiction de toutes les publicités sur des sujets de société ou de politique, sur ses plateformes aux États-Unis, à la fermeture des bureaux de vote, pour réduire les risques "de confusion ou d'abus" le temps qu'il faudra.
"La semaine prochaine va être un test pour Facebook", a-t-il reconnu, ayant à cœur de prouver que son entreprise a vraiment tiré les leçons de 2016, quand des campagnes de désinformation massive, dont certaines pilotées depuis la Russie, avaient utilisé les réseaux pour diffuser leur propagande à grande échelle et de façon ciblée.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP