Publié le 13 novembre 2020
ÉCONOMIE
[Édito] Si seulement Amazon n’existait pas…
Si Amazon n’existait pas, nos petites boutiques seraient bien moins en souffrance. Une assertion bien tentante alors que nos magasins sont fermés en raison du confinement et qu’Amazon affiche une santé florissante. Mais c’est simplifier un débat bien plus complexe sur le besoin d’accélérer la digitalisation générale de notre économie et de nos commerces.

@BH
Le deuxième confinement en France et la fermeture des commerces dits non essentiels ainsi que de leurs rayons équivalents en grande surface ont crispé le secteur marchand. Ce dernier juge que cela revient à dérouler le tapis rouge pour qu’Amazon accroisse encore ses ventes. Pour sûr, le géant américain va profiter de cette période. Lors du premier confinement, le secteur du e-commerce a progressé de 37 % entre mars et mai. Une situation inacceptable pour certains politiques comme Anne Hidalgo ou Roselyne Bachelot qui ont lancé un appel "à ne pas acheter chez Amazon".
C’est une réponse simpliste et un peu démago à une vraie question qui est la digitalisation globale de notre économie et de notre commerce. En vérité, il est un peu facile de faire peser le poids de la mort des libraires, la disparition des commerces de centre-ville, l’évasion fiscale d’Amazon, ses polémiques sociales ou environnementales sur les seules épaules des consommateurs. Si le législateur juge que la pratique d’Amazon est illégale, injuste, qu’il agisse. Ce que l’Europe essaie d’ailleurs de faire en lançant deux enquêtes pour pratiques anticoncurrentielles.
Aveu de faiblesse
Le principe de dirigeants politiques qui appellent au boycott d’une marque est un aveu de faiblesse. Et le consommateur ne peut pas tout faire. S'il se se tourne vers Amazon, ce n’est pas par irresponsabilité sociétale ou mépris des commerçants physiques. C’est aussi une question de service client qu’il ne retrouve pas ailleurs. Force est de constater qu’Amazon, que l’on soit un ennemi de la marque ou l’un de ses adeptes, offre des services de livraison rapide, des retours gratuits, des remboursements quasi-immédiat en cas d’incident. Et donne accès à des produits qu’on ne trouve pas toujours ailleurs, du moins sans de démentiels frais de port.
Et puis Amazon ou pas, l’e-commerce progresse. Hors confinement, il représente 10 % des ventes en France. Et sur cette part, Amazon ne représente qu’un cinquième. Le reste est disputé par d’autres grandes enseignes : Fnac, Darty, Veepee, Cdiscount, Alibaba, Carrefour, Leclerc… Difficile pour des petits commerçants de venir en concurrence, même si 11 000 TPE et PME françaises vendent déjà directement sur Amazon, via le market place. Plutôt que de pointer du doigt Amazon comme fossoyeur de nos boutiques (il y a bien d’autres sujets sur lesquels on peut pointer du doigt Amazon), c’est peut-être plutôt le modèle de la boutique qui se pose.
Peut-être s'agit-il d'un concept un peu depassé pris en étau entre le commerce en ligne et le désir de beaucoup d'entre nous de consommer ultra-local. Et par extension, c’est aussi la question de certains business models qui est à interroger. Pour aider ces boutiques à se numériser, le gouvernement, avec l'appui de la Banque des territoires, a créé le site clique-mon-commerce.gouv.fr. C'est sans doute la meilleure réponse pour réduire la fracture de ce commerce à deux vitesses.
La crise sanitaire oblige les commerces à fermer la porte de leur magasin : la solution, digitalisons très vite le commerce local avec l'aide des territoires et le soutien de la @BanqueDesTerr !
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Ludovic Dupin @LudovicDupin