Publié le 15 janvier 2021
ÉCONOMIE
[Édito] Engagements environnementaux : le temps de la preuve est venu !
La première période de mobilisation du secteur financier sur les crises environnementales (changement climatique, destruction de la biodiversité) aura duré cinq ans. Lancée en 2015, la phase des engagements s’achève déjà. Les acteurs économiques et financiers sont priés de passer à une réorientation massive des flux financiers ce dont témoignent les interpellations de BlackRock et d’HSBC ou la réaction de Greta Thunberg au One Planet Summit.

@LudovicMarin/Pool/AFP
"BlackRock, renoncez à tout échappatoire", demande sur Twitter, le fondateur de Carbon Tracker, Mark Campanale. Ce lanceur d’alerte spécialiste de l’impact du changement climatique sur les marchés financiers réagit à l’annonce des 85 milliards de dollars toujours détenus par BlackRock dans le secteur du charbon. En décidant de n’exclure de ses portefeuilles que les entreprises qui réalisent plus de 25 % de leur activité dans le charbon, le géant mondial de la gestion d’actifs peut encore détenir des actions d’entreprises aussi emblématiques que l’Indien Adani ou Glencore, pourtant bannie par le fonds souverain norvégien.
Tout le paradoxe de l’engagement environnemental du secteur financier est résumé dans l’étude que viennent de sortir deux ONG associées pour l’occasion, la Française Reclaim Finance et l’Allemande Urgewald, spécialiste des listes d’exclusion charbon Elles pressent BlackRock de "joindre l’acte à la parole en laissant le charbon dans le sol, en cette année critique pour le climat" et de respecter ses propres engagements sur le climat. Car le temps est venu pour les acteurs financiers de prouver qu’ils ont vraiment réorienter les flux financiers, cinq ans après avoir pris conscience que le changement climatique était devenu un risque systémique pour la stabilité financière.
De Henri de Castries à Greta Thunberg
C’est le travail préparatoire de la COP 21 qui a lancé la mécanique des engagements en 2015. Qu’un dirigeant financier comme Henri de Castries, à l’époque patron d’AXA, prenne la parole pour annoncer l’exclusion du charbon de ses investissements était alors révolutionnaire. Cinq ans plus tard, l’urgence du passage à l’acte, rendu nécessaire par la multiplication des crises sanitaires et environnementales, met au pied du mur tous ceux qui ont prononcé des discours de ce type.
LIVE from #OnePlanetSummit in Paris:
Bla bla nature
Bla bla important
Bla bla ambitious
Bla bla green investments
Bla bla great opportunity
Bla bla green growth
Bla bla net zero
Bla bla step up our game
Bla bla hope
Bla bla bla...*
*locking in decades of further destruction https://t.co/veGb4T7kmr— Greta Thunberg (@GretaThunberg) January 11, 2021
Ils doivent pouvoir prouver que leurs choix d’investissement ont fondamentalement changé sinon ils s’exposent à des réactions cruelles comme celle de Greta Thunberg lors du One Plante Summit et surtout à des poursuites juridiques tant les plaintes se multiplient contre l’inaction climatique. En France, le procès l’Affaire du Siècle fait de ce risque une réalité de plus en plus crédible.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic