Publié le 06 février 2023
ÉCONOMIE
Ecoconception web : face au lourd bilan environnemental, voici comment savoir si un site est écoresponsable
Le numérique émet deux fois plus de gaz à effet de serre que le secteur aérien. À cela s'ajoute une empreinte environnementale difficile à supporter, liée à l'extraction des matières premières et à l'usage des ressources en eau. La façon de concevoir des sites web porte une grande responsabilité, pouvant alourdir ou limiter ces impacts. Or à l'heure actuelle, très peu de sites sont écoconçus et aucune réglementation n'impose l'écoconception. Face à cela, découvrez trois outils phares permettant de savoir si un site web est écoresponsable.

@Canva
Le numérique représente entre 3% et 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). Une part considérable, deux fois plus élevée que le secteur aérien, qui pourrait encore augmenter de 60% d'ici à 2040 si rien n'est fait pour la limiter. Rien qu'entre 2017 et 2020, la consommation de données mobiles a été multipliée par trois.
L'empreinte carbone du numérique est causée par les terminaux, suivi des centres de données puis des réseaux. Dans ces trois catégories, la façon de concevoir des sites web a un lourd impact. Un site transmettant une grande quantité de données sera énergivore. Le transport et le stockage de données nécessitent des infrastructures de réseaux plus importantes et donc coûteuses en carbone. Enfin, les sites trop complexes mettent à rude épreuve les terminaux, réduisant la durée de vie du matériel et poussant les consommateurs à le renouveler. Face à cela, des outils existent désormais pour concevoir des sites internet moins gourmands.
Ecoindex, l'outil pour un scan rapide
Le collectif GreenIT et l'agence Razorfish ont scanné avec l'ecoindex les sites des entreprises du CAC40 et les 50 sites web les plus vus en France. Le constat est sans appel : ces sites obtiennent la note moyenne E. Au total, l'impact carbone de leurs visites équivaudrait chaque année à 1139 tours du monde. Le but de ce baromètre ? "Créer un électrochoc" et rendre possible pour chaque entreprise de "se mesurer aux normes du marché", explique Charlotte Dollot, directrice dénérale de Razorfish France.
L'ecoindex, un outil gratuit, analyse une page web à partir de son URL et détermine une note entre A et G correspondant à sa performance environnementale. Ecoindex estime aussi les émissions de CO2 et la consommation d'eau générée par la page. Les raisons d'une mauvaise performance et des pistes d'amélioration sont aussi indiqués.
Avec une note moyenne de 3 sur 10, les sites web du CAC 40 ne sont pas écoconçus !
Découvrez tous les résultats du 1er baromètres de l'écoconception digitale par @RazorfishFrance et @greenithttps://t.co/gOhFiILCbq pic.twitter.com/j17TLVEo2D— GreenIT.fr (@greenit) September 29, 2022
Les "115 bonnes pratiques de l'écoconception web", le support le plus pro
De nombreuses agences de développement web et d'audit spécialisées sur l'écoconception utilisent "Les 115 bonnes pratiques de l'écoconception web" éditée par le collectif Green IT. Cette liste de critères est consultable en ligne sur github et publiée aux éditions Eyrolles avec des mises à jour depuis 11 ans. "À chaque bonne pratique sont associés une règle de test formelle et un seuil de conformité pour permettre une évaluation homogène et sans ambiguïté", explique à Novethic Frédéric Bordage, fondateur de Green IT.
La quatrième édition, publiée en mai 2022, a revu les fiches en profondeur. Elle a notamment reçu le soutien de l'Agence de la transition écologique (Ademe) et du Collège des Directeurs Développement Durable (C3D). Les fiches sont désormais libres d'utilisation pour une utilisation non commerciale sous licence Creative Commons (CC-By-NC-ND).
Le "Référentiel général d'écoconception des services numériques", un guide pour sensibiliser toutes les équipes
Designers, développeurs, responsables de projet... De nombreux métiers sont concernés par l'écoconception. Fin 2022, la Direction interministérielle du numérique (DINUM) a publié un guide pour tous. Celui-ci, intitulé Référentiel général d'écoconception des services numériques (RGESN), liste 79 bonnes pratiques. Elles incitent à identifier le superflu et à travailler la maintenabilité des sites, autrement dit leur capacité à durer.
"C'est un outil pédagogique pour répondre à une forte demande de formation dans les équipes", explique à Novethic Richard Hanna, chargé de mission interministérielle numérique écoresponsable. Le RGESN a l'avantage d'être facilement compréhensible. C'est un bon guide pour faire ses premiers pas et engager une démarche d'amélioration continue. Toutefois, l'outil n'est pas suffisant pour mener des audits car aucun seuil de réussite des critères n'est défini.